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Au 19ème siècle, d'importantes vagues de sondages amènent à la découverte du charbon à l'ouest de Dortmund et c'est en 1858 que l'entrepreneur minier irlandais William Thomas Mulvany fait l'acquisition de plusieurs concessions à Castrop. En souvenir de sa patrie, ce dernier nommera sa société d'exploitation zeche Erin, une forme du nom gaélique Eire qui signifie Irlande. Suite au rachat d'une partie des actions par la Preußische Bergwerks- und Hütten-AG, Mulvany entame les travaux préparatoires qui mèneront au creusement des deux premiers puits équipés d'une salle des machines commune comme il était de coutume dans certaines houillères anglo-saxonne. En 1870, les installations de surface seront complétées par la construction d'une petite cokerie ainsi que d'un triage mais de nombreux accidents provoqués par le grisou et par des infiltrations d'eau finissent par stopper la production, ce qui affaibli considérablement le capital de la société. La faillite de la Preußische Bergwerks- und Hütten-AG, en 1877, met temporairement fin à l'exploitation de la mine qui, pour entretenir l'outil, maintient malgré tout une activité sommaire. En 1882, Friedrich Grillo reprend la mine et renomme la société Gewerkschaft Erin avant d'assécher les chantiers. La production put reprendre normalement dès 1885 et c'est deux ans plus tard qu'Erin sera absorbée par la Gelsenkirchener Bergwerks-AG. C'est sous cette nouvelle direction que la mine prendra réellement son essor en s'équipant en 1887 d'une nouvelle cokerie ainsi que de deux nouveaux chevalements reliés par une passerelle, une construction unique dans la Ruhr dont le style fut nommé "chevalements siamois". Entre 1889 et 1895, trois puits d'aérage furent fonçés et reliés au siège 1/2 qui put dès lors se consacrer pleinement à sa fonction extractive. Cependant, à partir de 1905, le puits 3 fut reconverti en puits d'extraction afin d'exploiter la partie nord-est du gisement, le puits N°5 étant dorénavant son puits d'aérage principal.
Peu avant la guerre, les chevalements des puits 1 et 2 seront une nouvelle fois remplacés et équipés de machines d'extraction à poulie Koep, ce qui permit d'atteindre une production de 625.500 tonnes par an pour un effectif de 2.475 ouvriers. Le conflit épargne la société qui est placée sous occupation française jusqu'en 1924. Durant cette période, la production baissera significativement mais suite à la création de la Vereinigte Stahlwerke AG, en 1926, les exploitations de la région furent réorganisées et la production put reprendre de manière optimale. C'est cette même année que zeche Teutoburgia et ses deux puits intégreront la Gewerkschaft Erin en tant qu'installation auxiliaire pour le transport du matériel ainsi que pour l'aérage. En 1929, le chevalement du puits N°3 est démonté et remplacé par une tour d'extraction de type marteau qui se trouvait à l'origine sur le puits N°2 de Zeche Vereinigte Westphalia située à Dortmund. Cependant, le siège 1/2/4 étant devenu avec les années un siège de concentration, l'exploitation du siège N°3 fut définitivement stoppée en 1937, ce dernier étant par la suite exploité pour le transport du matériel. Suite à ces nouvelles modifications structurelles, la production atteindra enfin le million de tonnes par an.

Lors de l'entrée en guerre de l'Allemagne, la société est composée comme ceci :

- Erin 1/2/4,
- Erin 3,
- Erin 5,
- Teutoburgia 1/2.

Afin d'étendre les chantiers à l'ouest de la concession, un sixième puits fut fonçé à partir de 1943 mais les évènements en cours ralentiront considérablement son entrée en fonction. Au début de l'année 1945, le siège central sera très durement touché suite à un bombardement massif qui mit fin à la production entre le 3 janvier et le 19 avril. Placée sous administration britannique, Erin put rapidement entamer des travaux de reconstruction qui ne seront totaleemnt terminés qu'en 1951, année où fut également inauguré le puits 6. C'est également à cette époque qu'Erin se sépare de la Gelsenkirchener Bergwerks-AG, devenant une simple filiale de celle-ci. Un septième puits sera fonçé sur le siège 1/2/4 avant de devenir le nouveau puits de concentration de la société qui fut acquise en 1956 par la Dortmunder Bergbau-AG. Dans les années 60, la crise du charbon touche durement la société qui décide de mettre à l'arrêt certaines installations comme les puits 1 et 2. Pour sortir de cette situation, cette dernière fut rachetée en 1967 par l'Eschweiler Bergwerk-Verein qui recherche de nouvelles sources de coke pour fournir les aciéries luxembourgeoises. Sous la direction de l'EBV, Erin absorbera dans les années suivantes les concessions de réserve de zeche Lothringen et de zeche Graf Schwerin, le puits Lothringen 6 étant réexploité pour l'aérage. Hélas, la crise se poursuivant, l'Eschweiler Bergwerk-Verein décide dès 1982 de se retirer progressivement de l'activité minière, ce qui mettra Erin en grande difficulté financière. La mine fermera ses portes moins de deux ans plus tard, le 23 décembre 1983, mettant ainsi définitivement fin à l'exploitation du charbon à Castrop-Rauxels. Par la suite, la majorité des installations furent détruites à l'exception du chevalement de Teutoburgia 2, de la tour d'extraction du puits Erin 3 et du chevalement du puits Erin 7 qui fut intégré au milieu d'un parc étudié pour ressembler aux landes irlandaises, en hommage à William Thomas Mulvany.

Erin Park
Erinstraße
44575 Castrop-Rauxel
https://www.ruhrgebiet-industriekultur.de/

      Reportage sur la tour du siège N°3 d'Erin

      Reportage sur le siège 1 / 2 / 4 / 7 de zeche Erin.

      Reportage sur les puits 1 et 2 de zeche Teutoburgia par un temps totalement exécrable.

Copyright (c) / Photos by Nicolas Elias, Xavier Fer & Laura Dambremont