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C'est au 14ème siècle que l'ont retrouve les premières traces d'exploitations à Houdeng-Aimeries. À cette époque, de nombreuses mines à flanc de coteaux fleurissent le long du Thiriau mais leur exploitation reste sommaire et, peu à peu, on vit apparaître des petits puits accessibles par échelle. Cependant, l'évacuation des eaux reste un problème majeur et un système d'exhaure s'avéra rapidement indispensable pour les charbonniers houdinois qui souhaitaient prospecter en dehors des rives du Thiriau. Un vaste chantier est alors entrepris sous la juridiction de la nouvelle société du Grand Conduit et du Charbonnage d'Houdeng. Il consiste au creusement d'une tranchée dans laquelle furent placés des troncs d'aulne et de chênes évidés et raccordés. On estime que l'ouvrage nécessita près de 800 arbres et un déplacement de près de 50.000m³ de terre, le tout sur une longueur de deux kilomètres pour un dénivelé de soixante mètres. L'entreprise est un succès et en l'espace de quelques années, le charbon extrait des fosses d'Houdeng-Aimeries s'exporte dans plus de cinquante localités.
En 1704, le marquis de Gages accorde sa confiance à la société en lui octroyant le droit d'exploiter ses terres. Deux nouveaux conduits sont construits, permettant ainsi le développement de la concession, qui s'étend à présent sur une surface de 250hectares, et l'essor de plusieurs nouveaux puits dont voici les plus importants :

- Puits de l'Estrifagne,
- Puits du Croquet,
- Puits Gripagne,
- Puits du Moulin,
- Puits de l'avancée (futur puits de la Croix).

C'est également à cette époque que fut créée la fosse du Bois, une importante exploitation qui fut équipée d'une pompe à feu Newcomen en 1779 avant de recevoir en 1807, la toute première machine d'extraction à vapeur d'Europe continentale.
De 1725 à 1794, lors de l'invasion révolutionnaire française, le nombre d'ouvriers passe de 56 à 152, faisant ainsi passer la production de 2.200 à 17.000 tonnes de charbon par an. Cependant, cette période de bouleversement engendrera une grande pauvreté parmis les ouvriers, les grands vainqueurs étant les financiers de Mons et de Binche qui dominent l'industrie charbonnière. C'est à cette époque que le Grand Conduit prit le nom de société civile des Charbonnages de Bois du Luc (Luc venant de l'ancien mot "lucq" qui signifiait marécage ou encore étang) et c'est sous cette nouvelle dénomination qu'elle absorba entre 1816 et 1842 les concessions voisines de :

- Trivières,
- Saint-Denis,
- Obourg,
- Havré,
- La Barette.

En parallèle, la direction intervient auprès du gouvernement belge pour la création d'un embranchement sur le canal Bruxelles-Charleroi. Cinq ans plus tard, ce petit port charbonnier fut relié par voie ferrée aux sièges Ste Barbe et St Charles. En 1835 débuta la construction du siège St Emmanuel, un siège rentable et moderne qui fut accompagné trois ans plus tard par les premières maisons de la cité ouvrière de Bosquetville. Achevée en 1853, cette cité est composée de 162 maisons de style néo-classique formant un trapèze coupé en quatre parties par deux axes perpendiculaires, le tout étant complété d'un parc, d'une salle des fêtes, de bureaux, d'un hospice, d'un hôpital, d'une école, d'une église ainsi que de nombreux commerces. Au cours des décennies suivantes, le nombre d'ouvriers ne cesse de croître, passant de 520 en 1830 à 3.887 en 1900. Cette croissance motiva naturellement la direction à faire construire deux nouveaux siège d'importance : Le siège d'Havré en 1857 et le siège du Quesnoy en 1903.

Le Bois du Luc possède à présent cinq sites de production :

- St Emmanuel,
- St Patrice,
- Fosse du Bois,
- le Quesnoy,
- Havré.

La fosse du bois ferme ses portes en 1914. Lors de la guerre, des centaines d'ouvriers sont mobilisés et parmis ceux-ci, vingt et un ne reviendront jamais. Après le conflit, la situation des ouvriers s'améliore et la direction accorde une augmentation conséquente des salaires qui sont désormais liés à l'index des coûts de la vie. Cependant, la crise économique des années trente met à mal cet équilibre et en l'espace de trois ans, les dividendes passent de 1.200.000 Francs à 100.000 Francs. La direction restreint alors ses activités annexes et la grande fête qui devait avoir lieu pour les 250ans de la société est annulée au profit d'une simple messe suivie d'une visite au siège Beaulieu, dernier né de la société. Pour sortir de la crise, l'État taxe de plus en plus lourdement les activités extractives du Bois du Luc qui possède encore un statut de société civile. C'est donc en 1935, lors d'une séance extraordinaire du conseil général, que la direction fait approuver le statut de société anonyme. Ces nouvelles mesures seront bénéfiques pour la société dont les dividendes remontent à cinq millions de Francs en 1939. C'est malheureusement cette même année que le second conflit mondial fut engagé, renvoyant des centaines de mineurs au front. Les chantiers des mines sont stoppés avant d'être repris quelques mois plus tard sous l'occupation. Après la guerre, près de 600 prisonniers allemands seront enrôlés dans les mines de la société mais, à leur départ, le manque d'homme engendra l'afflux d'immigrés de toutes origines. En 1947, on dénombre 850 nouveaux ouvriers dont une très grande majorité d'étrangers qui oeuvreront tous à l'accomplissement de la Bataille du Charbon, période qui verra tous les records de productions dépassés. Le 31 décembre 1959, le siège St Emmanuel ferme ses portes et sera suivit deux ans plus tard par le siège Beaulieu. Seul le siège du Quesnoy est encore en  activité mais la concurrence du pétrole et du charbon importé est déloyale et sa date de fermeture est arrêtée au 30 juin 1973.

La dernière descente à lieu le 15 juin et ce jour là, 268 mineurs abattront encore 190 tonnes de charbon. Jusqu'au 29 juin, une centaine d'ouvriers se chargeront du démantèlement et de la sécurisation des chantiers puis, une brève cérémonie mis définitivement fin à la plus ancienne société charbonnière du centre.
En 1974, l'État rachète les 222 maisons de la cité ouvrière pour 25,5millions de Francs avant de les confier à l'Institut National du Logement qui réalise rapidement une rénovation complète de l'ensemble. Cinq ans plus tard, l'État rachète également le siège St Emmanuel ainsi que les bureaux et les ateliers et engage une procédure de sauvegarde.
Le site est désormais visitable sous le nom du Musée de la Mine et du Développement Durable et abrite depuis 1987 les locaux de la SAICOM (Sauvegarde des Archives Industrielles du Couchant de Mons), un organisme ayant pour but la sauvegarde et la mise en valeur des archives industrielles du Hainaut.

Musée de la Mine et du Développement Durable Bois-du-Luc
Rue Saint Patrice, 2B
7110 Houdeng-Aimeries
http://www.mmdd.be/


      Reportage sur la fosse St Emmanuel et ses annexes, un magnifique témoin du passé.

      Reportage sur les vestiges du siège Beaulieu.

      Reportage sur les bornes de puits de la société.

Copyright (c) / Photos by Nicolas Elias, Xavier Fer & Laura Dambremont