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Durant la seconde moitié du 19ème siècle, de nombreux sondages sont entrepris dans l'est de la Ruhr et c'est en 1874 qu'un vaste gisement houiller fut découvert par Heinrich Grimberg sous les villages de Herringen et de Pelkum. Entre 1894 et 1899, ce dernier se voit accorder par la Prusse une série de sept concessions nommées Prinz Schönaich I - VII ainsi qu'une huitième zone nommée Robert Hundhausen I. Souhaitant assurer leur apport en charbon pour leurs industries sidérurgiques, les frères Henri et Robert de Wendel se montrent rapidement intéressés par ces concessions qui leurs seront finalement vendues en 1900 par Grimberg. D'une superficie de 18km², ces différentes zones d'exploitation furent par la suite réunies en une seule nommée concession de Wendel, nom qui sera également repris pour le nom de leur mine : zeche De Wendel.
Les travaux de fonçage des deux premiers puits débutent entre mai et juin 1901. Nommés Henri et Robert, ces deux puits entrèrent en production en 1904 après avoir été équipé de petites installations de surface. Les premières années sont prometteuses et dès 1906, la mine extrait déjà plus de 30.000 tonnes de charbon gras par an pour un effectif de 606 ouvriers. Ces résultats encourageants poussent les de Wendel à investir massivement dans les installations du siège qui se modernise considérablement dans les années suivantes avec entre autre la construction d'un triage-lavoir ainsi qu'une centrale électrique et une cokerie qui entra en fonction en 1909. La croissance de la mine permet également aux villages environnants de se développer et à la veille de la première guerre mondiale, près de 1750 ouvriers y sont employés. Lors du conflit, le charbonnage passe aux mains des allemands avant d'être finalement rendus aux de Wendel en 1920. En dépit de la situation d'après-guerre, la société continue de croître et un quai privé fut construit le long du canal Datteln-Hamm. Suite à plusieurs coups de grisou meurtriers, il fut également décidé de foncer deux puits d'aérage nommés Franz et Humbert, fonçages qui furent temporairement suspendus suite à la crise économique mondiale. Entrés en fonction entre 1928 et 1930, ces deux puits sont également équipés d'installations de captage, le gaz extrait étant revendu à la Ruhrgas AG, une importante société gazière basée à Essen.

La prise de pouvoir d'Hitler apporte de nombreux changements dans la société qui, par peur de représailles, fut renommée Aktiengesellschaft Steinkohlenbergwerk Heinrich Robert, le puits Henri étant également modifié pour devenir le puits Heinrich. Au début de la guerre, la mine est à nouveau saisie et son expansion se poursuit sous administration allemande. C'est ainsi qu'en 1942, la centrale électrique fut équipée d'un nouveau groupe électrogène directement alimenté par la centrale électrique de Stockum. La production de charbon durant cette période est exponentielle et, bien que de nombreux mineurs soient enrôlés de force dans la Wehrmacht, celle-ci atteindra les 1.197.879 tonnes en 1943. À la fin de la guerre, la production retombe à 531 492 tonnes mais par chance, les bombardements épargnèrent la majorité des installations qui purent reprendre normalement une fois la paix revenue sous l'égide du Rhine Coal Control, responsable de la saisie provisoire des différentes mines du bassin. Ce n'est qu'en 1950 que les de Wendel purent faire valoir leur droit sur la mine qui leur fut rendue dès l'année suivante. Après ces évènements, le chevalement du puits Robert fut démonté et remplacé par une grande tour d'extraction de type marteau équipée d'un skip permettant de remonter onze tonnes de charbon à la fois. Cette modernisation entraîne une production record de 1.447.677 tonnes pour une moyenne de 5.000 ouvriers.
En 1969, Heinrich robert est absorbé par la Ruhrkohle AG qui décide de la fusionner avec la mine voisine de Werne dès 1973. À la fermeture de cette dernière, Heinrich Robert continua d'exploiter le puits Werne 4 pour l'aérage de ses chantiers. L'aggrandissement de la concession permet à la société d'atteindre une production de plus de 2.500.000 tonnes dès 1975. À la fermeture de zeche Königsborn, la société fait l'acquisition de son puits Lerche ainsi que de son personnel, l'ancien puits N°4 de Königsborn étant également réutilisé pour l'exhaure des chantiers. C'est à la même époque que le fonçage du puits d'aérage de Sandbochum débute. Doté d'une profondeur finale de 1.221 mètres, ce dernier entra en fonction dès 1981. Le 31 mars 1987, la cokerie est définitivement mise à l'arrêt après une production totale de 28 millions de tonnes de coke. Sa démolition débute en automne de la même année et s'est poursuivie jusqu'au printemps 1988. Au début des années 90, Heinrich Robert extrait près de 3,5 millions de tonnes par an mais suite à un plan de limitation de production mis en place par la RAG, la société doit se séparer de son puits Franz en 1994 avant d'abandonner l'exploitation de l'ancienne concession de Königsborn dont le puits 4 fut définitivement mis à l'arrêt. En 1998, Heinrich Robert intègre la Bergwerk Ost et devient le siège de concentration le plus important de la partie orientale du bassin.

Sept puits font partie de ce regroupement industriel :

- schacht Robert - extraction,
- schacht Heinrich - transport,
- schacht Lerche - transport / climatisation
- schacht Sandbochum - aérage,
- schacht Grimberg 2 - aérage,
- schacht Grillo 1 - exhaure,
- schacht Haus Aden 2 - exhaure.

Pour abaisser la température des chantiers situés en profondeur, le puits Lerche, dont le chevalement vient d'être remplacé par celui du puits N°7 de Haus Aden, fut équipé de la plus grande centrale de refroidissement d'Europe, les chantiers passant d'environ 60°C à moins de 30°C. À l'aube du 21ème siècle, la société possède encore une réserve d'environ 60 millions de tonnes de charbon gras mais une concession sommairement exploitée via les puits 6 et 7 de zeche Radbod nommée concession Donar commence à intéresser Ost qui la considère comme l'avenir de la houille allemande. En effet, la zone d'exploitation de Donar possède une réserve estimée entre 100 et 150 millions de tonnes de charbon, ce qui fait de cette dernière la plus grande zone d'extraction inexploitée de la Ruhr. Hélas, le manque d'investisseur empêche toute expansion vers le nord et les plans d'exploitation de Donar sont définitivement abandonnés. Par la suite, la Bergwerk Ost ralenti considérablement l'exploitation de ses chantiers qui furent finalement mis à l'arrêt le 30 septembre 2010. L'ensemble des puits furent comblés dès l'année suivante à l'exception des puits Grimberg 2 et Haus Aden 2 qui continueront d'exister en tant que puits d'exhaure pendant quelques années.
Le triage-lavoir d'Heinrich Robert fut entièrement démantelé entre 2018 et 2019 mais, bien que le destin du chevalement du puits Heinrich soit incertain, le reste du siège, y compris la tour marteau, furent sauvés par la Entwicklungsagentur CreativRevier Heinrich Robert GmbH qui compte réutilisé l'ancien siège en tant que complexe artistique, culturel et récréatif, un destin que ne connaîtra pas le splendide chevalement du puits N°2 de Haus Aden qui fut malheureusement détruit en 2021.

      Reportage sur le splendide siège Heinrich Robert, sur ses machines d'extraction, ses ateliers, son lohnhalle et sa salle des pendus.

      Petit reportage sur le siège Werne 1 / 2.

Copyright (c) / Photos by Nicolas Elias, Xavier Fer & Laura Dambremont