Au
19ème siècle, l'industrialisation sidérurgique de la Ruhr entraîne de
vastes vagues de sondages dans tout le bassin et c'est lors d'une de
ces prospections qu'un riche gisement houiller fut découvert près de
Katernberg, à proximité de la ville d'Essen. En 1847, l'industriel
Franz Haniel rachète les différentes concessions situées à cet endroit
avant de fonder la Gewerkschaft
Zollverein,
une nouvelle société minière dont les actions furent toutes distribuées
aux différents membres de la famille Haniel ainsi qu'aux propriétaires
des terrains situés en surface.
Le fonçage des deux premiers puits
débute en février 1847 et c'est en 1851 que ceux-ci entrent en
fonction, après avoir été équipés de deux tours malakoff disposant
d'une salle des machines communes. En 1857, le siège s'équipe d'une
petite installation de cokéfaction, remplacée en 1866 par une cokerie
moderne à fours mécaniques. En 1880, la société débute le creusement
d'un troisième puits situé près de Schonnebeck. Équipé d'un chevalement
en acier de type promnitz, ce nouveau siège entra en fonction en 1883.
Avec sa production de 1 million de tonnes de charbon par an, Zollverein
devient la mine la plus rentable d'Allemagne. Cet incroyable essor
mènera la société à considérablement moderniser ses installations avant
de se lancer, en 1991, dans le fonçage des puits 4 et 5 qui seront
également équipés de tours malakoff. Un sixième puits fut creusé à
partir de 1905 à proximité de l'actuel quartier Stoppenberg et à la
particularité d'être une des premières mines du bassin à posséder un
chevalement de type portique. À la fin du 19ème siècle, plusieurs coups
de grisous meurtriers poussent Zollverein à améliorer son système
d'aérage. Trois nouveaux puits exclusivement destinés à cette fonction
seront fonçés et, à l'aube du 20ème siècle, la société est composée
comme ceci :
Au
début du siècle, les installations du siège 1/2 sont modernisées et la
tour malakoff du puits 1 fut détruites avant d'être remplacée par un
chevalement moderne. La cokerie sera quant à elle agrandie tandis
qu'une importante installation de lavage sera construite sur le siège.
En 1909, un dixième puits sera fonçé sur le siège 6/9 qui s'équipe
également d'une cokerie. Pendant la guerre, la demande en charbon
explose et la production passera de 1.7 à 2.5 millions de tonnes. En
1920, la famille Haniel confie la gestion de la mine au groupe Phoenix AG,
une importante société minière et sidérurgique possédant entre autres
la Meidericher Steinkohlenbergwerks-AG, la Westfälischen Union ainsi
que les mines de Nordstern et Carolus Magnus. C'est sous cette nouvelle
direction que fut creusé un onzième puits sur le siège 4/5. Destiné à
l'extraction, ce nouveau puits fut équipé d'un chevalement identique à
celui du puits 4 qui fut également modernisé. L'agrandissement des
infrastructures de ce siège entraîna hélas la mise à l'arrêt de sa
cokerie, qui fut démolie en 1925. Moins d'un an plus tard, la Phoenix
AG fusionne avec la Vereinigte Stahlwerke et Zollverein passa entre les
mains de la Gelsenkirchener
Bergwerks-AG.
En 1928, cette dernière décide de construire un nouveau puits moderne :
le puits 12. Conçue par les architectes Fritz Schupp et Martin Kremmer,
cette installation titanesque construite dans un style Bauhaus est
équipée d'un grand chevalement de style portique intégré dans une
recette cubique et fonctionnelle qui deviendra avec le temps un symbole
de l'industrie lourde allemande.
Durant la guerre,
Zollverein échappe miraculeusement à la destruction et put reprendre de
manière normale une fois la paix revenue avec une production annuelle
de 2.4 millions de tonnes. Après la guerre, les avoirs de la
Gelsenkirchener Bergwerks-AG passent entre les mains de la Rheinelbe Bergbau AG
qui entreprend une modernisation ainsi qu'une rationalisation de tous
les sièges liés à Zollverein. C'est ainsi que dans les années 50, le
siège 1/2/8 sera entièrement restauré par Fritz Schupp, le puits 2
recevant pour l'occasion l'ancien chevalement de la mine Friedlicher
Nachbar, situé à Bochum. Cependant, entre 1962 et 1967, les différents
sièges de la société stoppant définitivement l'extraction,
l'intégralité de la production étant à présent centralisée via le puits
12. C'est également à cette époque que la cokerie fut modernisée et
équipée de 304 fours. Considérée comme la plus moderne d'Europe, cette
installation produit alors 8.600 tonnes de coke par jour pour un
effectif de 1.000 ouvriers. En 1968, la mine sera absorbée par la Ruhrkohle AG
qui l'intègrera à la Bergbau
AG Essen
dès l'année suivante. Ces différentes opérations mèneront au
rapprochement de Zollverein avec les sociétés voisines Bonifacius,
Holland puis Nordstern dont les puits furent reconvertis pour l'aérage
et pour le transport. La fusion de ces sociétés donnera naissance à la Verbundbergwerks
Nordstern-Zollverein en 1982. Cette nouvelle société est
composée de onze sièges dont voici la liste :
Hélas,
suite à l'effondrement des ventes, la société se retrouve avec un
sur-stock qu'elle ne parvient plus à écouler et en 1983, la décision de
fermer progressivement les installations est prise. C'est finalement le
23 décembre 1986 que Zollverein et ses annexes ferment leurs portes.
Les puits 2 et 12 resteront cependant ouverts pour l'exhaure des
concessions situées au nord et au nord-est d'Essen. La cokerie continua
de produire pendant quelques années avant de fermer à son tour, le 30
juin 1993. Par la suite, une partie des sièges 3/7/10 et 4/5/11 furent
conservés mais les vestiges les plus impressionnants sont sans aucun
doutes les sièges 1/2/8 et 12 qui furent entièrement restaurés et
intégrés, avec la cokerie et le lavoir, au sein d'un immense parc
industriel destiné à la culture, au sport et au bien-être. Classé au
patrimoine mondial de l'UNESCO, le site est aujourd'hui la plus grande
aire muséale d'Allemagne et, avec près de 500.000 visiteurs par an, ce
dernier constitue une destination incontournable sur la route de la
culture industrielle.