Les
plus anciennes traces d'une exploitation minière dans la région de
Luisenthal datent de 1731. Plusieurs petites fosses existaient alors
mais au fil des ans, deux de celles-ci prennent de l'importance et en
1820, la Preußische Bergfiskus décide de les fusionner sous le nom de grube Bauernwald-Großwald,
société qui prendra par la suite le nom de grube Gerhard
en hommage au responsable des mines de Prusse Johann Carl Ludewig
Gerhard. L'entreprise est un succès et en 1862, après la construction
du tunnel de Veltheim, un premier puits est foncé à l'emplacement
actuel de la fosse : le puits Albert.
Ce dernier, situé au bord de
la voie ferrée allant de Sarrebruck à Merzig, possède une position
géographique stratégique et en l'espace de quelques années, le siège
est devenu l'un des plus rentables de la zone. Cependant, le gisement
s'épuise rapidement et le siège Albert est progressivement arrêté.
De
nouveaux sondages entrepris en 1897 permettent de découvrir un nouveau
gisement de près de 600 mètres d'épaisseur situé plus en profondeur et
c'est ainsi qu'à l'aube du 20ème siècle, le puits Richard I est mis en
chantier, bientôt suivi des puits Delbrück I et II, situé près de
Klarenthal et destiné à l'extraction, à l'aérage et à l'exhaure. La
mine prend dès lors le nom de sa ville et devient grube Luisenthal.
Lors des travaux préparatoires des chantiers souterrains, un important
incendie se déclare et la mine est entièrement inondée pendant une
durée de trois mois avant d'être à nouveau accessible. L'exhaure à
Luisenthal s'avère être un problème particulièrement récurant et en
1910, un autre puits entre en fonction pour aérer et assécher les
galeries : le puits Est, renommé plus tard puits Calmelet. Le fonçage
du puits Richard II débute en 1912 mais en octobre 1914, alors que ce
dernier entre à peine en fonction, un nouvel incendie se déclare et la
mine doit être à nouveau noyée. Après la guerre, la société passe entre
les mains de la Société des Nations suite aux accords du Traité de
Versaille. Cependant, malgré le noyage, le feu n'est toujours pas
maîtrisé et ce n'est qu'en 1935, après le retour du land au sein de
l'Allemagne que l'eau fut pompée et qu'une production régulière put
enfin démarrer. Durant les années suivantes, le puits Richard II est
approfondi mais en 1941, un nouvel incident cause la mort de 31
mineurs, accident suivi de plusieurs arrêts de production qui se
soldèrent par un arrêt total du siège entre décembre 1944 et mai 1945.
Pour stopper définitivement les problèmes de flambées, un extracteur de
gaz fut installé en 1954, année où fut également foncé le puits
Alsbach, destiné à l'aérage et profond de 888 mètres.
Six puits sont alors en fonction :
- schacht Richard I,
- schacht Richard II,
- schacht Delbrück I,
- schacht Delbrück II,
- schacht Calmelet,
- schacht Alsbach.
La société prend enfin son essor et en 1957, après l'absorption par la Saarbergwerke AG,
un convoyeur fut construit dans le but d'alimenter en charbon la
cokerie de Fürstenhausen. Hélas, le 7 février 1962, le siège Alsbach
fut le théâtre de l'un des pires accidents miniers de l'histoire
allemande. Ce dernier fut causé par une série d'explosions et de coups
de poussière probablement déclenchée suite au dysfonctionnement d'une
lampe frontale ou suite à l'allumage d'une cigarette. Ce tragique
évènement causa la mort de 299 mineurs sur 664 présents au fond à ce
moment. Après la catastrophe, les chantiers souterrains sont modernisés
et en 1966, Luisenthal absorbe la concession de Grube Viktoria ainsi
que celle de grube Von der Heydt, située à Saarbrücken. Au début des
années 70, le chevalement du puits Richard II est remplacé par l'ancien
chevalement du puits Wilhelm 2, provenant de grube König. Dans les
années 80, la Saarbergwerke AG décide de centraliser les exploitations
et en 1988, ce projet se concrétise avec la fusion de Luisenthal avec
la Bergwerk Warndt, une mine créée en 1964 et alliée avec grube Velsen.
Cette nouvelle structure prend le nom de Bergwerk Warndt / Luisenthal
ou plus communément nommée la "Verbund West". La production est
désormais centralisée sur le siège de Warndt, Luisenthal ne servant
plus qu'au transport du matériel et des 3.800 mineurs encore employés
sur le siège. En 2003, la Deutsche
Steinkohle AG
annonce malheureusement la fin progressive de l'exploitation minière
dans la Sarre et, pour concentrer encore la production,
Warndt/Luisenthal fusionne l'année suivante avec grube Ensdorf pour
former la Bergwerk
Saar.
Le groupe ferme malheureusement ses portes en juin 2005, Luisenthal
étant encore utilisé pendant un certain temps pour l'extraction du gaz
de mine qui alimente la centrale de Fenne.
De nombreux vestiges
sont encore visibles pour cette société dont une grande partie du siège
Luisenthal ainsi que les chevalements des puits Delbrück II et Alsbach
qui trône actuellement au sein d'un parc d'activité économique.