C'est
au 1er siècle de notre ère que remontent les premières traces
d'extraction des bancs de calcaires lutétiens, une roche sédimentaire
formée durant l'Éocène moyen, entre 41 et 37 millions d'années. D'abord
exploitées à ciel ouvert, les premières carrières se situent alors en
pleine campagne, à proximité de hameaux qui se situaient à l'époque
dans l'actuel quartier Montparnasse. Ce groupe d'excavation détruisant
de plus en plus les zones agricoles environnantes, il fut décider au
14ème siècle de poursuivre l'extraction de la pierre en sous sol, le
soutènement étant composé de piliers tournés. De siècle en siècle,
l'agrandissement de Lutèce puis de Paris amena les carriers à exploiter
les bancs de calcaire sur des kilomètres de galeries et dès le 16ème
siècle, la ville rattrape les anciens terrains agricoles.
Plusieurs exploitations situées au sud de Paris se démarquent :
- les carrières des
Capucins, - les carrières de
Chaillot, - les carrières de
la Tombe-Issoire, - la carrière du
chemin de Port-Mahon, - les carrières de
Gravelle.
L'urbanisation
croissante fait exploser la demande en pierre à bâtir dont l'extraction
commence à causer de graves problèmes de stabilité menant à
l'effondrement d'une partie de la rue Denfert-Rochereau en 1774. Suite
à cet incident, Louis XVI signe un décret interdisant définitivement
toute extraction de pierre sous la voie publique avant de fonder
l'Inspection Générale des Carrières dont la mission est d'empêcher de
futurs effondrements dans la capitale. L'ensemble des souterrains étant
alors constitué de plusieurs labyrinthes dont le plus important, le Grand Réseau Sud,
s'étend sous les 5e, 6e, 14e et 15e arrondissements, l'étendue globale
de ces carrières avoisinant les 300 kilomètres d'excavations. Au cours
du 18ème siècle, de très importants problèmes de salubrité liés au
manque de place dans les cimetières de la ville amène les autorités
parisiennes à transférer les ossements de plusieurs charniers et fosses
communes dans les anciens chantiers des carrières de la Tombe-Issoire.
Les premières évacuations ont lieu de 1785 à 1787 et sont réalisées en
pleine nuit pour éviter tout problème avec la population et l'Église,
cet aménagement étant confié à Charles-Axel Guillaumot, inspecteur au
service de l’Inspection générale des carrières. Ces transferts se
poursuivent après la révolution française et s'amplifient après la
fermeture de plusieurs cimetières paroissiaux comme Saint Eustache,
Saint Nicolas des Champs ainsi que le cimetière du couvent des
Bernardins. Le site d'exhumation devient officiel le 7 avril 1786 et
prend le nom d'Ossuaire
Municipal de Paris.
À partir de 1809, ce dernier devient accessible au public sur
rendez-vous et devient dès lors un lieu extrêmement prisé des Parisiens
et des touristes étrangers. Avec le temps, les modalités de visites
furent adaptées et aujourd'hui, il est possible de visiter l'ossuaire
sur un peu plus d'un kilomètre, le site étant désormais visité par près
de 550.000 touristes par an. On estime que six millions de squelettes
reposent actuellement dans ces catacombes.