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France - Bassin Breton

Ardoise  Wolfram

Moulin-Lande


L'ardoisière de Moulin-Lande



L'exploitation de l'ardoise en Bretagne remonte au 16ème siècle dans la région de Châteaulin. D'abord artisanale, cette industrie prendra son essor lors du second empire et du passage des toits de chaume au toits d'ardoises. A cette époque, l'activité est surtout concentrée sur la partie finistérienne du bassin mais au siècle suivant, plusieurs chantiers sont mis en service en direction du mur de Bretagne. L'extraction se fait le plus souvent par des mines à ciel ouvert mais petit à petit, des exploitations souterraines voient le jour. Les ardoises extraites sont alors vendues en charretées aux couvreurs de la région qui les dégrossissent eux-mêmes. Dès 1850, l'activité extractive se déplace vers l'est du bassin et de nombreuses carrières sont ouvertes le long du canal de Nantes à Brest mais au cours des trente dernières années du 19ème siècle, la majorité de ces mines fermeront leurs portes du fait de la méconnaissance des techniques d'exploitation et par l'épuisement des filons. Le développement du chemin de fer ouvrira la porte à la concurrence, ce qui posa d'énormes problèmes aux carrières faiblement mécanisées qui n'auront d'autres choix que de se moderniser ou de disparaître.

A l'aube du 20ème siècle, le centre ardoisier se déplace vers Gourin, Motreff et Maël-Carhaix, où les puits Lucas et Connan sont foncés vers 1903. C'est à cet endroit que se développa l'ardoisière de Moulin-Lande, connue comme étant la reine des ardoisières bretonne. Durant la première guerre mondiale, l'industrie ardoisière sera mobilisée pour les efforts de guerre et pour la reconstruction post conflit. La prospérité des années 20 fut bénéfique aux ardoisiers qui en profitèrent pour moderniser leurs installations. Cependant, la crise des années 30 frappe durement le secteur et la production totale française diminue de 51%. Les ardoisières ferment les unes après les autres, d'autant plus que la concurrence avec les ardoisières d'Anjou est rude. Au plus fort de la crise, il ne reste en Bretagne que quatorze exploitations.
Après la seconde guerre mondiale, la situation se dégrade encore et les ardoisières de Bretagne ne produisent plus que 4% du cumul ardoisier français. Dans la région de Maël-Carhaix, il ne subsiste plus que l'ardoisière de Moulin-Lande, devenue avec le temps l'exploitation la plus importante du bassin. A cette époque, 200 mineurs y sont encore affectés et, jusqu'au 1958, la production reste stable. Le gisement s'épuise malheureusement et en 1959, le puits connan fut abandonné. En 1970, Moulin-Lande n'emploie plus que 68 personnes et en 1982, l'entreprise est contrainte à dix mois de chômage économique. Moulin-Lande fermera ses portes en 1984 avant de rouvrir quatre ans plus tard sous l'impulsion d'Yvon Barazer qui équipera la mine de machines modernes, notamment de fendeuses automatiques ou de haveuses sur rail. Malheureusement, malgré la qualité exceptionnelle des ardoises produites, la fermeture définitive a lieu en 2000. Depuis cette année, seule subsiste une activité de concassage de déchets ardoisiers destinés au paillage et à l'horticulture.

      Reportage sur les vestiges de l'ardoisière de Moulin-Lande.


Copyright (c) / Photos by Nicolas Elias, Xavier Fer & Laura Dambremont