En
1856, alors qu'une vague de sondages perfore le bassin de la Ruhr, les
familles Waldthausen, Hammacher, Haniel, Huyssen, Morian et Grillo se
rassemblèrent à Bottrop pour fonder la Arenbergsche
Aktiengesellschaft
für Bergbau und Hüttenbetrieb.
La même année, une demande de
concession est introduite auprès du Duc Prosper Ludwig von Arenberg qui
accorda à la société les concessions Prosper I-IV, Maximilian,
Gottfried et Konstantinopel. En 1956, le premier puits fut foncé à
Ebel, dans la concession Maximillian. Il entra en service en 1861 et
fut nommé Prosper I après la proclamation du Duc Prosper Ludwig von
Arenberg au poste de directeur.
Les débuts de cette mine sont
extrêmement prometteurs et dès 1866, une cokerie est inaugurée à
proximité du puits. En 1871, un deuxième puits est foncé à 2.5km du
premier. Nommé Prosper II, celui-ci est équipé d'une grande tour
Malakoff avant d'entrer en production en 1875. La Grande dépression qui
affecta le monde entre 1873 et 1890 n'eut que peu d'effet sur la mine
Prosper qui se voit même équipée d'une seconde cokerie à proximité du
puits II. Entre 1893 et 1895, deux nouveaux puits furent fonçés pour
répondre à la loi Prusienne qui oblige les mines à avoir une seconde
issue. Ainsi, le puits III fut annexé au Puits II et le puits IV fut
annexé au puits I. Au début du 20ème siècle, alors qu'un cinquième
puits est fonçé sur le siège I/IV, le puits II est modernisé et équipé
d'un chevalement métallique placé au dessus de sa tour. Toujours
visible actuellement, c'est sans conteste l'une des plus belle
structure du bassin. En outre, la zone nord des concessions fut
exploitée dès 1908 grâce aux puits VI et VII, eux aussi équipés d'une
cokerie. L'augmentation des puits de zeche Prosper entraîna un
changement de dénomination des sièges qui restera en place jusqu'à la
fermeture de la société. Les puits furent dès lors classés comme ceci :
- Prosper I
: Puits 1/4/5, - Prosper II
: Puits 2/3, - Prosper III
: puits 6/7.
En
1917, alors que la première guerre mondiale fait rage, le puits 8 est
fonçé sur le siège Prosper II, il entra en service en 1921 et, un an
plus tard, Arenbergsche AG für Bergbau und Hüttenbetrieb fusionne avec
la Rheinischen
Stahlwerke AG, une société métallurgique fondée en 1918.
Pendant la crise économique post conflit, des mesures de
rationalisations entrent en vigueur et les différentes cokeries sont
mises à l'arrêt en 1928. Une nouvelle cokerie dotée de 320 fours fut
néanmoins construite à l'est de Prosper II. Destinée à centraliser la
production de toute la société, il s'agissait à l'époque de la plus
grande cokerie de la Ruhr. En 1930, zeche Arenberg-Fortsetzung fut
absorbée par la
société avant d'être reliée souterrainement aux chantiers de Prosper
III, ses puits étant dorénavant utilisés pour le transport du matériel
et pour l'exhaure. La seconde guerre mondiale n'épargne pas la Ruhr qui
subit de nombreux bombardements. Le 3 février 1945, l'un d'eux toucha
si durement Prosper II que le siège fut mis à l'arrêt jusqu'en
avril 1947, année où celui-ci repris du service accompagné d'un
triage-lavoir flambant neuf.
Après la guerre, les parts de
la Rheinische Stahlwerke AG furent transférées à une autre société mais
les différentes mines Prosper continuèrent à produire sous la direction
d'Arenberg Bergbau GmbH, atteignant en 1953 plus de trois millions de
tonnes de charbon par an pour 12.000 employés. En 1954, le siège
Prosper III est modernisé et le chevalement du puits 6 est remplacé,
devenant l'unique puits d'extraction du siège. En 1962, un neuvième
puits fut mis en chantier dans le nord de la concession. Il entra en
fonction l'année suivante, inaugurant au passage le siège Prosper IV.
Au cours de la crise du charbon, le siège Prosper II est modernisé et
son puits 8 reçu une nouvelle tour en béton de 85 mètres de haut
équipée d'un skip automatique. Au cours de l'année suivante, les
différents sièges furent reliés entre eux au sein de la même mine :
Zeche Prosper.
En 1969, la mine ainsi que les actifs d'Arenberg
Bergbau GmbH sont absorbés par la Ruhrkohle AG
et, en 1974, zeche
prosper est associé avec zeche Jacobi et Franz-Haniel, deux mines
auparavant liées à la Bergbau AG Oberhausen et aux mines d'Osterfeld.
Devenue la Bergwerk
Prosper-Haniel, cette société migra progressivement
vers le nord de la concession. C'est ainsi qu'en 1975, le siège Prosper
I, situé plus au sud, fut abandonné puis détruit. Dans les années
suivantes, de vastes chantiers sont ouverts vers le nord et en 1981, le
siège Prosper V
ouvre
ses portes. L'inauguration de son puits d'extraction (le puits 10)
entraîna malheureusement la fermeture du siège Arenberg-Fortsetzung
ainsi que celle
du puits N°3. En 1982, la cokerie centrale fut rénovée et équipée de
146 nouveaux fours à grande capacité qui produisirent dorénavant plus
de deux millions de tonnes de coke par an. La migration continue des
chantiers vers le nord entraîna par la suite la fermeture des puits 6
et 8, devenus avec le temps de moins en moins rentables.
En
1985, un tunnel de 3,2 kilomètres de long fut construit afin de relier
les chantiers du siège Franz-Haniel au triage-lavoir de Prosper II.
Après la mise en service de cette jonction, le siège Prosper III ferme
ses portes définitivement avant d'être détruit. En 1987, Prosper-Haniel
reçoit le pape jean-Paul II. Une visite ponctuée d'un discours sur
l'entraide et la répartition équitable du travail en milieu minier. En
1998, la mine est reprise par la Deutsche Steinkohle AG
qui réalisa des
travaux d'aménagement sur le siège Franz Haniel qui voit le chevalement
de son puits N°1 détruit et remplacé par une installation plus modeste,
destinée principalement à l'exhaure. Le puits Hünxe, appartenant
auparavant à zeche Lohberg, est à son tour relié à Franz Haniel et
utilisé pour l'aérage. La production de la société était alors de 2,5
millions de tonnes par an pour 2.600 employés.
En 2011, la
cokerie centrale de Prosper est reprise par le groupe sidérurgique
ArcelorMittal
et, dès la fermeture d'Auguste Victoria en 2015, la
Bergwerk Prosper-Haniel devient la dernière mine active du bassin.
Alors que la date de fermeture du siège fut établie à décembre 2018 par
la RAG,
l'exploitation connu soudainement un incroyable élan populaire venant
des habitants de la Ruhr qui, pour commémorer les nombreuses années
d'exploitation du charbon dans la métropole, mirent en place des
dizaines d'initiatives culturelles allant de la modification de feux
rouges avec de petits mineurs autocollants à des chorales improvisants
en pleine rue "Glück Auf, der Steiger Kommt", l'hymne des mineurs.
Quelques semaines
avant la fermeture, Prosper-Haniel répond à cet engouement en réalisant
des hommages à divers endroits emblématiques de la mine, tel la salle
des pendus, le hall à charbon du triage-lavoir de Prosper II ou encore
dans les chantiers de la mine.
La fermeture définitive survient finalement le 21 décembre 2018 au
matin lors d'une cérémonie émouvante à laquelle était convié le
président allemand Frank-Walter Steinmeier qui reçu pour l'occasion un
bloc
de charbon extrait de la mine et pour lequel, il eu ces paroles : Ceci
n'est pas un morceau de charbon, c'est un morceau d'histoire ( extrait visible ici
).
Le soir du 21 décembre, alors que des milliers d'habitants de la Ruhr
décident spontanément de placer une bougie allumée à leur fenêtre, un
dernier adieu est fait à la mine lors d'une célébration grandiose
diffusée dans tout le pays ( extrait visible ici
). Un
an après la fermeture de la mine, la chanson "Glück Auf, der Steiger
Kommt" fut inscrite à l'Unesco, sur la liste du patrimoine culturel
immatériel de l'humanité.
Je remercie Xavier pour ses splendides photos de l'intérieur du siège V.
Petit reportage sur le siège central de la Bergwerk
Prosper-Haniel, dernier charbonnage d'Allemagne.
Reportage sur le siège Prosper V de la Bergwerk
Prosper-Haniel.
Reportage sur les extérieurs du siège Prosper IV
Reportage sur les magnifiques extérieurs du
siège II de Prosper.
Copyright (c) / Photos by Nicolas
Elias, Xavier Fer & Laura Dambremont