Les premières traces d'extraction
de minerais non ferreux à Stolberg remontent à l'antiquité mais c'est
dans le premier quart du 19ème siècle que la concession de
Diepenlinchen fut créée grâce à la fusion de plusieurs petites
exploitations artisanales de la région. Les premiers sondages profonds,
établis en 1809 par la Gewerken
Bäumer, Buchacker & Cie, mènent
rapidement à la découverte de gisements de zinc, de calamine et de
plomb. Le fonçage du premier puits d'importance débute l'année suivante
mais, suite à d'importantes venues d'eau, les travaux sont interrompus
à 18 mètres de profondeur. Malgré l'installation de puissantes pompes à
vapeur, la société ne parviendra jamais à assécher les chantiers qui
furent abandonnés en 1820. En 1838, la mine est rachetée par la
Metallurgische
Gesellschaft zu Stolberg et entre enfin en production.
Fondée en 1838 grâce aux apports financiers de James Cockerill (mort
quelques mois plus tôt), Friedrich Thyssen, John et Barthold Suermondt
ainsi que de la Kölner Bankhaus Salomon Oppenheim, la mine se développe
rapidement notamment grâce à l'approfondissement du puits d'extraction
ainsi qu'à la construction d'un triage.
En 1841, les héritiers de Cockerill décident de louer la concession
minière à la Kommanditgesellschaft
de Sassenay & Cie, une
société en commandite appartenant au Marquis de Sassenay. Après quatre
ans d'exploitation, la mine est remise en location et passe entre les
mains de la Gesellschaft
für Bergbau, Blei- und Zinkfabrikation zu
Stolberg, renommée Stolberger Gesellschaft
après l'adoption de la loi
prussienne sur les sociétés par actions. En 1853, cette dernière
fusionne avec la Rheinisch-Westfälischer Bergwerksverein et acquiert
ainsi les riches gisements de plomb et de zinc de la mine de Ramsbeck,
située dans le Sauerland, à l'est du Nordrhein-Westfalen. Cette fusion
donne naissance à la Gesellschaft für Bergbau und Zinkfabrikation zu
Stolberg und in Westfalen. Dans les années suivantes, la société
continue son expansion avant d'absorber la Erzgrube
Büsbacherberg-Brockenberg ainsi que la Emser Blei- und Silberwerk AG.
Sur la concession de Diepenlinchen, ces différentes fusions permettent
à la Stolberger Gesellschaft d'exploiter un grand nombre de puits dont
voici la liste :
- schacht Diepenlinchen,
- schacht Henriette,
- schacht Neuer Simon,
- schacht Alter Simon,
- schacht Hitzberg,
- schacht Ravelsberg,
- schacht Adrienne,
- schacht Mausbacher Hecke,
- schacht Widtmann,
- schacht Blume,
- schacht Frosch.
La modernisation du triage, en 1898, permet de passer d'une production
quotidienne moyenne de 40 tonnes à une production moyenne quotidienne
de 100 tonnes. L'exploitation est alors tellement importante qu'un
second triage sera construit en 1907 à Ravelsberg. D'une capacité
quotidienne moyenne de 257 tonnes de minerai, cette installation sera
rapidement considérée comme l'une des plus modernes de ce genre en
Allemagne. En 1910, 11.000 tonnes de minerais plombifères et zincifères
sont extraites à Stolberg pour un effectif de 500 ouvriers. Cependant,
l'approfondissement des puits engendre plusieurs inondations qui
poussèrent la société à investir dans deux nouvelles machines à vapeur
placées dans les puits d'exhaure Blume et Widtmann. Grâce à un
partenariat avec les mines d'Eschweiler, le charbon est importé en
suffisance mais la raréfaction de ce dernier suite à la première guerre
mondiale entraîne de gros soucis d'infiltration qui menèrent à
l'ennoyage des étages les plus profonds dès 1916. Une fois la paix
revenue, la société se lance dans des travaux d'asséchement mais fait
face à un nouveau problème : le besoin en charbon des machines à vapeur
est désormais plus important que le minerai extrait, ce qui entraîne
une baisse des salaires. En 1919, une grève sauvage des mineurs fut
l'occasion pour la direction de cesser les activités de la mine,
désormais devenue non rentable.
Entre 1927 et 1928, un lavoir à
flottation fut construit à proximité des anciens terrils en vue
d'exploiter ces derniers. Dès 1933, cette installation permit
d'exploiter 4.000 tonnes de minerai utilisable grâce à un effectif de
50 personnes. Ce lavoir fonctionna jusqu'en 1942, année de fermeture
définitive de la société. Aujourd'hui, le seul vestige encore visible
de la Stolberger Gesellschaft est la structure du schacht Frosch qui se
trouve au milieu d'une zone industrielle et qui a été fraîchement
rénové en 2020.