La compagnie des ardoisières de Rimogne et St-Louis-sur-Meuse
Les
premières traces d'extraction de l'ardoise à Rimogne datent de 1158.
Elle se fait alors à ciel ouvert et sont exploitées par trois abbayes
de la région : l'abbaye de Foigny, l'abbaye de Signy et l'abbaye de
Bonnefontaine qui fonde, en 1470, l'ardoisière Pierka, celle qui
deviendrait la plus vieille exploitation de Rimogne. Les moines restent
actifs jusqu'au 16ème siècle mais finissent par vendre leurs
possessions et c'est en 1702 que Jean Baptiste Collart reprend et
modernise une petite ardoisière située dans le centre de Rimogne, la
Grande Fosse. A sa mort, cette exploitation est devenue la plus
rentable du bassin et les différentes ardoisières de la région sont une
à une fermées. Le neveu de Jean Baptiste Collart hérite de la Grande
Fosse mais la lègue à son fils qui, part manque d'expérience et par
profit, va saccager une grande partie des travaux.
Profitant des
faiblesses de sa plus grande concurrente, la fosse Pierka est rouverte
en 1767 mais l'arrivée à Rimogne de Jean-Louis Rousseau va bouleverser
le bassin. Celui-ci rachète, en 1779, la Grande Fosse et y fait
installer une machine d'épuisement moderne dans le but d'assécher les
travaux souterrains et d'améliorer les conditions de travail et
d'augmenter par la même occasion la productivité. A partir de 1780, la
grande fosse produit plus de sept millions d'ardoise par an et devient
ainsi l'une des plus grande ardoisière de France.
A quelques
centaines de mètres de là, la fosse Hallevoye est relancée par
plusieurs actionnaires sous le nom de fosse St Quentin et devient la
plus grande concurrente de la Grande Fosse. Sa production est
gigantesque et devient rapidement excédentaire.
Voulant contrer
cette concurrence, Rousseau reprend à son compte une majorité des
petites exploitations de la région et à sa mort, en avril 1788, il
laisse à ses quatre fils la plus grande société ardoisière du nord de
la France. Cette société devient encore plus importante avec l'achat de
la fosse St Quentin et en 1831, la Compagnie des ardoisières
de Rimogne
et de Saint-Louis-sur-Meuse est fondée. L'ensemble du
bassin est alors
modernisé et la société engage massivement, excluant autant que
possible la main d'oeuvre étrangère. A partir de 1839, la compagnie
participe aux expositions universelles et devient mondialement connue.
Voulant
étendre son influence, la société rachète la fosse aux Bois, la fosse
Pierka, la fosse de la Rocaille, la fosse de la Richolle ainsi que la
fosse Trufy, une importante exploitaion située à l'est de la grande
fosse et étant active depuis 1836.
La
compagnie, qui possède
dorénavant l'ensemble des tréfonds de la commune, fait installer les
premiers compresseurs mais la Grande Fosse commence malheureusement à
s'épuiser et c'est la St Quentin qui devient le siège central du
bassin. Pour compenser les pertes dues à l'appauvrissement de la Grande
fosse, la société décide de fonder un nouveau siège au nord de celle-ci
: le St Brice.
Les
deux conflits mondiaux épargnent une très grande partie des
installations mais la production totale baisse significativement,
passant d'environ 35 millions d'ardoises à moins de 10 millions par an
pour environ 600 employés. Après la guerre, la société reprend de plus
belle mais l'ardoise perd peu à peu du terrain face à d'autres
matériaux couvrants et moins chers. Cette crise entraine la fermeture
de la Grande Fosse en 1948.
La Fosse St Quentin est alors
modernisée et équipée d'un chevalement en acier, facilitant la remontée
des wagons chargés d'ardoises tout en améliorant la pénibilité du
travail des ouvriers. La fosse rouvre en grande pompe en décembre 1961.
Quatre ans plus tard, la Compagnie des ardoisières de Rimogne et de
Saint-Louis-sur-Meuse achète la Société des Ardoisières de Fumay, une
des trois sociétés les plus importantes du nord de la France avec
Rimogne et Monthermé. L'exploitation de l'ardoise connaît toute fois
ses dernières années et en 1969, la société dépose le bilan. La fosse
Truffy continuera malgré tout l'extraction jusqu'en 1971 avant de clore
définitivement la longue histoire des ardoisières ardennaise.
Une
usine de criblage est cependant toujours exploitée par la Société
Industrielle et Commerciale Ardennaise. Cette usine est
active depuis
1934 et si elle était utilisée dans un premier temps pour réduire en
poudre les déchets produits par les ardoisières, elle s'approvisionne
désormais dans une carrière à ciel ouvert située sur le territoire de
la commune d'Harcy. La poudre fine produite lors du concassage est
destinée à la fabrication de chapes d'étanchéité, dans le bitume ainsi
que dans la fabrication de mastic.