Les
premières traces d'exploitation en affleurement dans la région de
Brassac-les-Mines datent du moyen âge mais c'est en 1684 qu'une
exploitation souterraine fut mentionnée pour la première fois dans un
registre d'impôts. En 1731, trois prospecteurs nommés Le Clercq, Le
Noble et Bayon commencent à exploiter les mines dites de la Fosse, du
Lac et des Bas-Rivaux. Le succès n'est malheureusement pas au
rendez-vous mais Bayon ne s'arrête pas là et en 1736, il créé avec 20
associés la Société
des Mines de la Province d'Auvergne
ainsi que sa première mine : le siège de la Roche. Huit ans plus tard,
la société se compose de trois puits profonds de 25 à 75 mètres dont un
est destiné à l'exhaure. 36 personnes y travaillent pour une production
de 3.000 tonnes par an, le charbon étant évacué sur l'Allier grâce à
des radeaux. En 1768, la mine de la Roche ferme ses portes par manque
de rentabilité et c'est en 1774 que la société sera dissoute. Les
droits d'exploitation ainsi que les avoirs de la société seront par la
suite vendus aux enchères avant d'atterrir entre les mains de Mr
Feuillant, négociant à Brassac. Ce dernier fit creuser deux nouvelles
fosses à La Combelle mais d'importantes venues d'eaux mettent un frein
à l'exploitation qui sera totalement submergée le 15 décembre 1785.
Feuillant réussit néanmoins à assécher la mine et c'est en octobre 1789
qu'il décide de s'allier avec Sadourny et Aubergier, deux entrepreneurs
de la région. En 1790, les associés possèdent trois puits de production
:
- le puits de La Combelle,
- le puits de la Taupe,
- le puits du Feu.
Ces
derniers seront réquisitionnés par les révolutionnaires en 1793, ce
qui, suite à de nombreux désaccords, finira par mettre un terme à
l'association de Feuillant et de Sadourny. C'est cependant ce dernier
qui héritera de l'ensemble des installations minières en 1797. Dans le
même temps, les sieurs Antoine de Rabusson-Lamothe, son frère, Jean, et
Berthon parviennent à obtenir la concession de Grosménil, l'une des
plus anciennes du bassin, pour une durée d'exploitation de 50ans, durée
qui sera révisée par la loi minière de 1810, la rendant perpétuelle. Au
début du 19ème siècle, plusieurs fosses profondes de 250 à 350 pieds
sont mentionnées sur cette concession :
- la mine de Chamblève,
- la mine des Lacs,
- la mine de la Cloche,
- la mine des Gours,
- la mine du Grosménil,
- la mine des Poirière.
Rabusson-Lamothe
ne tarde cependant pas à être en grandes difficultés financières et ce
dernier finira ruiné avant de mourir en 1821. L'exploitation sera
transmise à son fils Auguste qui réussira à remettre la société à flot
avant de vendre la concession au prix de 400.000 francs à la société
Justinien, Olive et Cie qui la revendit en 1826 à la société Fontaine,
Barthe, et Cie au prix de 800.000 francs. Devant l'incapacité
d'exploiter la concession, Fontaine, Barthe, et Cie se sépara de ses
droits qui retournèrent à Auguste Lamothe pour à peine 300.000 francs.
En 1835, ce dernier acquiert la zone d'exploitation de Fondary avant de
créer dans la foulée la Compagnie
des Mines de la Haute Loire. C'est à
cette époque que Sadourny entreprend le fonçage du puits de la Vieille
Machine dont le siège deviendra le puits de production principal de la
région grâce à un équipement de pointe dont fera partie la première
machine d'extraction à vapeur du bassin. Plusieurs puits d'importance
sont alors exploités pour une production d'à peine 6.000
tonnes
de charbon par an :
- le puits de la Vieille Machine,
- le puits de la Machine,
- le puits de l'Âne,
- le puits de la Molette,
- le puits de la Bouteille,
- le puits de la Ronzière,
- le puits de la Verrerie,
- le puits St Alexandre.
Au début des années 1840, ces puits sont tous réunis au sein de la Compagnie des Mines de
Brassac
qui fit foncer durant les années suivantes les puits Président et
d'Orléans. En 1863, la plupart des veines sont hélas épuisées et la
compagnie, détenue à présent par la famille Denier, ne possède plus que
trois puits : le puits de la Verrerie, qui exploite la couche de la Verrerie
entre 50 et 205 mètres de profondeur, le puits d'Orléans, qui
exploite la couche de la Verrerie entre 205 et 264 mètres de profondeur,
et le puits de la Ronzière qui ne sert que l'hiver et uniquement pour
évacuer le trop plein de production du puits de la Verrerie. Entre 1913
et 1915 fut fonçé le puits des Graves, un nouveau site de production
qui sera équipé du premier chevalement en métal de la région. Avec ses
680 mètres de profondeur, il possède également le point le plus bas de
tout le bassin. Il entre en production en 1924, année de fonçage d'un
autre puits important : le puits Bayard. Ce dernier devient rapidement
le siège de production le plus important de la zone et il se voit ainsi
équipé de nombreuses annexes comme un triage-lavoir ainsi qu'un
téléphérique pour le transport aérien du charbon à destination de la
gare de Brassac.
En 1939, après être resté la propriété des Denier pendant plus d'un
siècle, la mine est rachetée par la Société Anonyme de
Commentry - Fourchambault et Decazeville mais
l'exploitation, devenue trop coûteuse, cesse progressivement avant
d'être mise en pause durant la seconde guerre mondiale.
Après la fin du conflit, les mines françaises sont
nationalisées et le groupe
des Houillères du Bassin d’Auvergne est créé grâce à la
fusion de six sociétés :
- la Société Châtillon-Commentry-Neuves Maisons,
- la S.A. des Mines de la Bouble,
- la S.A. des Houillères de Messeix,
- la S.A. de Commentry - Fourchambault et Decazeville,
- la S.A. des Houillères de Haute-Loire,
- la S.A. des mines de Champagnac.
Outre
ces sociétés, le regroupement permet également d'obtenir les deux
permis d’exploitation de Bert-Moncombroux dans l'Allier :
- les Charbonnages du Donjon,
- la Société des Houillères de l’Allier.
Le
20 mai 1952 dans le puits d'extraction du Parc, le percement d'une
poche de gaz tue 12 mineurs et endommage fortement le système de
ventilation. Un vibrant hommage rassemblant des milliers de mineurs
issus de toute la France sera organisé deux jours plus tard. Une marche
funèbre sera ensuite entonnée par la lyre des mineurs de Ste Florine et
c'est sous le glas des cloches de toutes les églises environnantes que
les cercueils quitteront le siège. Cette tragédie restera la plus
importante du bassin. À partir de 1954, toute la production est
concentrée au siège Bayard, le puits des Graves devenant un puits
d'aérage comme le Saint Alexandre. Cette nouvelle structure permet au
siège Bayard d'être considérablement modernisé et d'augmenter sa
production grâce notamment à l'apport d'un nouveau triage-lavoir. Le
puits St Alexandre sera définitivement abandonné en 1960 et c'est 18ans
plus tard, le 31 juillet 1978, que les deux derniers sièges ferment
leurs portes mettant ainsi fin à plusieurs siècles d'exploitation du
charbon dans la région.
En 1979, la création de l'Association de
Sauvegarde des Chevalements Les Graves-Bayard permet de sauver
plusieurs vestiges de la destruction dont une partie des installations
du siège Bayard qui sont aujourd'hui intégrées au musée de la Mine de
Brassac.