Au début du 20ème siècle, une
grande partie du bassin de la Ruhr est déjà fortement industrialisée
mais certaines sections situées au nord-ouest de celui-ci reste
pratiquement vierges de toute exploitation. Cependant, ces concessions
situées principalement sous Buer, Gelsenkirchen et Westerholt finissent
par intéresser l'État prussien qui les acquiert en 1902 avant de les
confier à la Bergwerks-AG
Recklinghausen qui fusionne ces différentes zones
d'exploitations avant de créer la Steinkohlenbergwerk Buer. Les deux
premiers puits furent fonçés l'année suivante sous le nom de
Bergmannsglück 1 et 2, un siège qui sera suivi quatre ans par une
nouvelle mine composée de deux puits : zeche Westerholt.
Cette dernière entre en fonction en 1910 avant de s'équiper de
nouvelles installations comme une cokerie ainsi qu'une sous-station
électrique et un triage-lavoir. Le développement du siège est
extrêmement prometteur sur le plan économique, la production dépassant
le million de tonnes dès 1920. Au début des années 30, la Bergwerks-AG
Recklinghausen ainsi que toutes ses propriétés sont absorbées par la
Hibernia AG qui change dès lors de nom pour devenir la Bergwerks-gesellschaft
Hibernia AG, une société tentaculaire propriétaire de
plusieurs sièges de la région dont voici une liste :
- zeche Shamrock,
- zeche Waltrop,
- zeche General Blumenthal,
- zeche Schlägel & Eisen,
- zeche Bergmannsglück,
- zeche Westerholt,
- zeche Wilhelmine Victoria,
- bergwerk Zweckel/Scholven,
- zeche Möller,
- zeche Rheinbaben,
- zeche Alstaden.
C'est également à cette époque que débute les travaux préparatoires
d'un nouveau siège situé sur la concession voisine de Polsum mais
l'entrée en guerre de l'allemagne ralentira le fonçage du puits 1 qui
n'entra finalement en service qu'en 1949, après avoir été relié
souterrainement au siège de Westerholt. La guerre ayant épargné la
majorité des installations minières, la société put reprendre son
fonctionnement normal dès le début des années 50 avant d'être
modernisée avec la construction de nouvelles installations de lavage
ainsi que la mise en fonction d'une nouvelle cokerie équipée de 150
fours. Après la démolition de l'ancienne usine de cokéfaction, la
société débuta le fonçage du puits Westerholt 3. Surmonté d'une tour
d'extraction en béton identique à celle de Shamrock 11, le puits fut
également équipé d'une recette entièrement automatisée reliée par
convoyeur au triage-lavoir. Dans les années 60, celui-ci deviendra le
nouveau puits central de la société, ce qui mettra définitivement fin à
l'extraction sur le siège Bergmannsglück qui fut désormais utilisé pour
l'exhaure et l'aérage des chantiers de Westerholt et de Polsum. La
crise du charbon entraîne cependant des mesures de rationalisation qui
n'empêchèrent pas la production de dépasser aisément les 3 millions de
tonnes par an. En 1968, la Ruhrkohle
AG absorbe la société qui sera dès lors connue sous le nom
de Bergwerk Westerholt. Durant la décennie suivante, la RAG décide
d'abandonner définitivement le siège de Bergmannsglück qui sera
remblayé en 1982. Deux nouveaux puits d'aérages sont alors mis en
fonction : les puits Polsum 2 et Altendorf. La rationalisation fini par
abaisser significativement la production qui passe de 3 millions à
moins de 2,5 millions de tonnes de charbon et 600.000 tonnes de coke
par an dans les années 80. Entre 1987 et 1991, le chevalement du puits
1 de Westerholt sera démonté et remplacé par une tour destinée
principalement au transport du matériel. La mine sera ensuite reprise
par la Deutsche Steinkohle AG avant d'entamer un vaste plan de
restructuration et de concentration qui mènera, dès 1998, au
rapprochement de la Bergwerk Westerholt et de la Bergwerk Fürst Leopold
/ Wulfen. Ces dernières fusionneront la même année sous le nom de
Bergwerk Lippe, une société composée dès lors de sept sièges :
- Westerholt 1/3,
- Altendorf,
- Polsum 1,
- Polsum 2,
- Fürst Léopold 1/2,
- Baldur 1,
- Wulfen 1/2.
Hélas, le plan de fermeture progressif des mines entraîne la fermeture
de la cokerie ainsi que de toutes les installations liées à la Bergwerk
Fürst Leopold / Wulfen entre 2000 et 2002. Le gisement commençant
également à s'épuiser, les chantiers se déplacèrent progressivement
vers le nord où de nouvelles veines sont découvertes mais, malgré une
production estimée rentable jusqu'en 2020, Westerholt et Polsum
fermeront finalement leurs portes en 2008. Durant les années suivantes,
Altendorf sera entièrement démoli bientôt suivi des sièges Polsum 1 et
2, détruits en 2021. Le chevalement de Polsum 1 fut malgré tout sauvé
et se trouve aujourd'hui dans le parc industriel Kalteiche, à proximité
de la ville de Haiger dans la Hesse.
Le siège de Westerholt est en démolition depuis 2020 mais les
installations du puits 3 devrait rester debout, probablement dans le
cadre d'un objectif muséal.
Je remercie Xavier pour ses photos de la recette de Westerholt ainsi
que pour les photos
d'Altendorf et de Bergmannsglück.