Après
la découverte du bassin houiller du nord de la France par la compagnie
d'Anzin, de nombreuses recherches sont menées dans la région de
Valenciennes. Claude-Constant Juvénal d'Harville des Ursins, Marquis de
Traisnel, souhaite alors exploiter le charbon sur ses terre et c'est le
19 septembre 1773 que ce dernier obtient l'autorisation provisoire de
mener des recherches au sud de la Scarpe. Le 11 novembre de la même
année, le Marquis accompagné de sept associés créé la Compagnie du Marquis de
Trainel et c'est en mars 1774 que la concession d'Aniche
leur est accordée, permettant à la société de changer de nom pour
devenir la Compagnie
des Mines d'Aniche.
Après quelques sondages, une première fosse est ouverte près du bois de
Fressain mais les travaux sont rapidement abandonnés. Après le fonçage
d'une seconde fosse à Monchecourt, des travaux débutent à Aniche où
seront ouvertes les fosses Saint Mathias et Sainte Catherine où une
importante veine de houille est découverte le 12 septembre 1778.
Durant
les années suivantes, de nouvelles fosses sont construites mais la
production reste extrêmement faible et en 1786, à la suite d'importante
venues d'eaux, les sièges sont tous
mis à l'arrêt. De nouveaux travaux sont entrepris dès le début du 19ème
siècle mais la compagnie connait de nouveaux incidents qui mèneront à
l'abandon des nouvelles fosses de la Paix et de Mastaing. La société
est au bord du gouffre mais le fonçage des fosses de l'Espérance et
d'Aoust, située à la frontière de la concession d'Anzin, lui permirent
de garder la tête hors de l'eau. En 1839, un groupe d'associés
Cambrésien reprend la société avant de la réorganiser complètement en
fermant l'ensemble des sièges à l'exception des deux derniers. De
nouveaux sondages réalisés à Somain en 1840 donneront par la suite
naissance aux fosses de la Renaissance et Saint Louis qui commencèrent
à produire dès 1845. C'est cette même année qu'Émile Vuillemin entre
dans la Compagnie des Mines d'Aniche en tant qu'ingénier et directeur
des travaux. L'arrivée de ce dernier au sein de la société permit à
cette dernière d'entrer en concurrence directe avec Anzin et d'élever
Aniche parmi les sociétés les plus importantes du bassin. En 1849,
après la construction des sièges Fénelon et Traisne, la société sera
enfin raccordée au réseau ferroviaire national via la gare de Somain,
lui permettant désormais d'exporter plus facilement ses produits sur le
territoire.
Au milieu du 19ème siècle, alors que la
société produit près de 220.000 tonnes de charbon par an, Vuillemin est
nommé directeur général de la société. Une fosse Vuillemin sera par la
suite fonçé en son honneur près de Masny, le long de la route reliant
Douai à Aniche. Après l'ouverture de la fosse St René, 480 000 tonnes
de charbon gras et 400 000 tonnes de demi et quart gras sont produites
chaque année pour un effectif de près de 4.000 ouvriers. Le 4 août
1895, lors des festivités organisées pour le cinquantenaire de
l'arrivée d'Émile Vuillemin dans la société, un attentat anarchiste
interrompt l'évènement et blesse grièvement le directeur qui se
rétablit péniblement avant de se retirer de la compagnie au profit de
l'ingénieur Paul Lemay, le 26 janvier 1896. À la fin du 19ème siècle,
un triage-lavoir ultra moderne sera construit à Waziers, à proximité de
la fosse Gayant, ouverte en 1852. Outre cette installation, la société
se dote à la même époque d'une usine de briquettes et d'une batterie de
fours à coke ainsi que d'une nouvelle fosse au début du 20ème siècle :
la fosse Déjardin. Cette dernière, fonçée dans une partie encore
inexploitée de la concession, commence à produire dès 1904. En 1910,
Aniche emploie 7.600 ouvriers et possède deux lavoirs, 205 fours à
coke, un port charbonnier et 16 fosses actives :
- la fosse Saint Louis,
- la fosse Fénelon,
- la fosse Traisnel,
- la fosse Gayant,
- la fosse Archevêque,
- la fosse Sainte Marie,
- la fosse Notre Dame,
- la fosse Dechy,
- la fosse Saint René,
- la fosse Bernicourt,
- la fosse Roucourt,
- la fosse Vuillemin,
- la fosse Déjardin,
- la fosse De Sessevalle,
- la fosse Sébastopol,
- la fosse Bernard.
En
1911 débute le fonçage de la fosse Delloye mais l'entrée en guerre de
la France stoppe les travaux qui ne reprirent qu'en 1921. Cependant,
deux fosses feront malgré tout leur apparition durant le conflit : la
fosse Lemay et la fosse Bonnel. À la fin de la guerre, toutes les
installations sont détruites mais, à partir de 1919, les sièges les
moins touchés recommencent doucement à extraire. En 1921, les fosses
sont toutes reconstruites et modernisées tandis que le fonçage de la
fosse Delloye reprend. Le 13 janvier 1922, Aniche rachète la, Compagnie
des Mines de Flines dont les puits seront réutilisés pour l'aérage des
sièges Bonnel et Bernard. En 1927, alors que la fosse Delloye commence
à produire, la société débute la construction du siège Barrois qui
entrera en production en 1931. Après la seconde guerre mondiale, les
mines françaises sont nationalisées et le Groupe de Douai
est créé grâce à la fusion de trois sociétés environnantes :
- la Compagnie des Mines de l'Escarpelle,
- la Compagnie des Mines d'Aniche,
- la Compagnie des Mines d'Azincourt.
En
1947, Douai entreprend le fonçage de la fosse du Midi mais, bien que le
puits soit opérationnel dès 1950, ce dernier n'entra en production
qu'en 1958. Au début des années 60, seize sièges sont encore en
activité mais dans les années 70, la société décide de concentrer ses
efforts sur la fosse Barrois qui devient le siège de concentration
principal de la société. Alors que la majorité des mines de la société
ferment leurs portes, les fosses Bonnel, Déjardin et Lemay sont reliées
au Barrois dont la modernité lui vaut le surnom de "mine de l'an 2000".
6.200 tonnes sont exploitées chaque jour par ce puits, ce qui en fait
l'un des sièges les plus importants de tout le bassin. En 1983, le
programme de récession national fait chuter la production à 150.000
tonnes par an et c'est finalement le 30 juin 1984 que les fosses
annexes ainsi que le siège de concentration de Barrois cessent leurs
activités après avoir extrait 19.000.000 de tonnes de charbon. Malgré
des tentatives de sauvegarde, Barrois sera entièrement détruit en 1989.
La fosse Delloye sera quant à elle sauvée et rouverte en 1984 en tant
que Centre Historique Minier de Lewarde.