Durant
la seconde moitié du 19ème siècle, l'industrialisation croissante de
l'ouest européen fait exploser la demande en charbon et, bien que les
mines Domaniales ainsi que la mine de Neuprick exploitent déjà un
gisement dans la région de Kerkrade, de nouveaux sondages sont
envisagés dès 1850. Ces derniers, effectués à Heerlen, sont prometteurs
et en mai 1893, une concession de 3.400 hectares nommée Oranje Nassau
est accordée à un consortium dirigé par Henri Sarolea, un entrepreneur
ferroviaire. C'est cette même année que fut créée la société
d'exploitation NV
Maatschappij tot Exploitation van Limburgsche Steenkolenmijnen,
autrement connue sous la dénomination des Mines d'Oranje-Nassau.
Sarolea, devenu directeur de la société, manque cependant de
financement pour réaliser ses ambitions mais l'arrivée des frères Carl
et Friedrich Honigmann va profondément bouleverser l'exploitation
minière aux Pays-Bas. Déjà propriétaire d'une concession limitrophe
nommée Carl, ces derniers apportèrent à l'entreprise les fonds
nécessaires pour débuter les opérations et, en 1896, Sarolea et les
frères Honigmann fondent le premier siège de la société, Oranje-Nassau
I. Cette mine bénéficie rapidement de la nouvelle ligne ferroviaire
entre Sittard et Herzogenrath et peu ainsi exporter ses produits vers
l'Allemagne dès le début de l'exploitation. Après la mort de Sarolea,
en 1900, c'est Eduard Honigmann, fils de Friedrich, qui reprendra les
rênes de la société et, entre 1902 et 1904, deux nouveaux puits entrent
en production dans la concession Carl. En 1908, l'exploitation des deux
sièges d'Oranje-Nassau commencent à susciter l'intérêt de la famille de
Wendel, de célèbres industriels lorrains actifs dans l'industrie du
charbon et du fer, qui compte sur ces mines pour lui apporter le coke
nécessaire au bon fonctionnement de ses installations tout en se
libérant des contraintes liées à l'importation de coke allemand. C'est
donc en 1908 que Les
Petits-Fils de François de Wendel et Cie
rachète Oranje-Nassau avant d'entamer les travaux préparatoires d'un
troisième siège, situé à Heerlerheide. Hélas, les nombreuses fractures
présentes dans cette exploitation rendent une grande partie du gisement
inexploitable et ce nouveau siège ferme ses portes dès 1927 avant
d'être à nouveau exploité pour l'aérage du siège Oranje-Nassau IV, mis
en service l'année suivante.
Avant la seconde guerre mondiale, quatre sièges sont en activité :
- Oranje-Nassau I,
- Oranje-Nassau II,
- Oranje-Nassau III,
- Oranje-Nassau IV.
Les
exportations sont stoppées à la fin des années trente et ne reprendront
pas avant la proclamation de la Communauté Européenne du Charbon et de
l'Acier, en 1952. Cette année là, la production cumulée des sièges
atteint les 2,6 millions de tonnes de charbon pour un total de 8.300
employés, ce qui représente 20% de la production totale des Pays-Bas.
En outre, la société produit également des briquettes de qualité dont
la production atteint les 500.000 tonnes par an. En 1959, des sondages
effectués dans le nord des Pays-Bas mettent au jour le plus vaste
gisement de gaz naturel d'Europe, le gisement gazier de Groningue. Les
premières estimations sur sa contenance font état d'une réserve de plus
de 2.820 milliards de m3 de gaz. Cette découverte, alliée à
l'importation de charbon étranger, entraîne une inévitable baisse de
production des mines d'Oranje-Nassau qui ferme son siège N°2 en juin
1971 puis son siège 3/4, en août 1973. Quant au siège Oranje-Nassau I,
il est
momentanément sauvé grâce à ses installations annexes. En effet, c'est
sur ce siège que sont installés les infrastructures de lavage et de
triage ainsi que les installations électriques principales et l'usine
de briquettes. La mine fermera malgré tout ses portes le 31 décembre
1974, sonnant le glas de l'industrie houillère du pays.
Après la fin de l'épopée charbonnière, la société Wendel
continua à gérer les actifs d'Oranje-Nassau qui se tourna vers de
nouvelles sources d'énergies sous le nom d'Oranje-Nassau Energie B.V.
(ONE). Celle-ci retrouva cependant son indépendance en 2009, après le
rachat de ses actifs à la société Wendelgroup. Oranje-Nassau est
toujours
active de nos jours et détient des intérêts dans les champs pétroliers
et gaziers offshore néerlandais.
Le chevalement et la machine d'extraction du puits N°2 d'Oranje-Nassau
I sont toujours visibles et font aujourd'hui partie
du
Nederlands Mijnmuseum.
Nederlands Mijnmuseum
Mijnmuseumpad, 2
6412 EX Heerlen https://www.nederlandsmijnmuseum.nl/
Reportage sur les
installations du puits
N°2 du siège Oranje-Nassau I, sans doute le plus beau vestige de
l'industrie houillère du pays.
Copyright (c) / Photos by Nicolas
Elias, Xavier Fer & Laura Dambremont