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Au 19ème siècle, l'industrialisation croissante de l'Allemagne entraîne de vastes vagues de sondages qui débouchèrent sur la découvertes de vastes gisements houillers au nord de Aachen. En 1840, Eduard Honigmann, fils de Friedrich Honigmann, décide de réaliser ses propres recherches à Alsdorf mais l'Eschweiler Bergwerk-Verein (EBV) et la Vereinigungsgesellschaft lui mettent des bâtons dans les roues, ce qui pousse ce dernier à réaliser un partenariat avec plusieurs industriels de la région avant de fonder la Gesellschaft Bölling, Honigmann und Schoeller. Honigmann découvre enfin plusieurs veines exploitables et en 1848, sa société acquiert une zone d'exploitation de 1.74 km² nommée concession Maria. La Vereinigungsgesellschaft obtient quant à elle la concession voisine nommée Anna qui possède une superficie de 14.9km². Le 12 juillet 1848, un permis d'exploitation fut accordé à la société qui entame rapidement les travaux préparatoires d'un nouveau siège qui prendra le nom de grube Anna. Le fonçage du premier puits nommé "Herman" débute en 1850 mais l'instabilité du terrain entraîne un retard conséquent qui ne sera résorbé qu'après l'installation d'un cuvelage de 60cm d'épaisseur ainsi que par la mise en fonction de puissantes pompes d'exhaure, le puits passant d'un diamètre initial de 3,1 mètres à 2.4 mètres. C'est finalement en 1854 que la première berline de charbon gras remonte à la surface. Cependant, le rétrécissement de la section transversale du puits entraîne un problème d'aérage qui ne fut réglé qu'après le fonçage d'un second puits nommé "Josef". Le développement du siège permet à la société de s'équiper également d'une importante cokerie qui sera inaugurée en 1862.

Le 10 octobre 1863, l'
Eschweiler Bergwerk-Verein rachète la mine à la Vereinigungsgesellschaft et, en raison de l'augmentation des ventes de charbon gras, décide de créer un second site de production nommé Anna II, le premier siège devenant quant à lui Anna I. La construction de ce nouveau siège débutera en 1865. Anna I poursuit également la construction de ses installations de surface qui se dotèrent en 1871 d'une connexion ferroviaire entre la Rheinische Eisenbahn et la gare de Stolberg ainsi que d'un triage-lavoir qui sera inauguré en 1878. C'est également à cette époque que commencera le fonçage du puits Franz, destiné à l'aérage et au transport du matériel. En 1901, la société conclut un accord avec la Röchling-Werken, une entreprise sidérurgique située dans la Sarre. Ce dernier est valable pour une durée de dix ans et garantit une vente de 250.000 tonnes de coke par an. C'est dans le cadre de ce contrat qu'une nouvelle cokerie verra le jour sur le siège Anna I, bientôt suivie par une seconde située sur le siège Anna II. Ces deux cokeries indépendantes comptent au total 402 fours répartis dans sept batteries ainsi que des installations de production de benzène et d'ammoniac. En outre, le gaz produit lors du processus de cokéfaction est récupéré et converti en électricité au moyen de puissants générateurs. C'est également à cette époque que le fonçage du puits Eduard débute sur le siège Anna II.
En 1917, un feu provoqué par l'explosion d'une locomotive s'étendit dans les chantiers d'Anna I sur près de 800 mètres tout en étant attisé par la ventilation de la galerie. 58 mineurs dont 17 prisonniers de guerre russes seront brulés vifs lors de cet incident qui continua à faire des victimes durant les jours suivants. Au total, 118 ouvriers perdront la vie lors de cet accident qui ne fut malheureusement pas le dernier. En effet, le 21 octobre 1930, le siège Anna II connaîtra le pire accident minier de l'histoire du district. Ce jour-là, à 7h29 du matin, un puissant coup de grisou enflamme l'étage -360 et provoque un tremblement de terre perceptible dans toute la région. L'incendie atteindra rapidement le puits Eduard avant de remonter violemment jusqu'à la surface, endommageant gravement le chevalement qui fini par s'écraser sur les locaux administratifs ainsi que sur la salle des pendus ( voir 
ici ). La détonation fut si violentes que les habitations situées à moins de deux kilomètres de l'épicentre furent endommagées par le souffle de l'explosion. Sous terre, la pression fut responsable d'immenses fractures qui s'étalèrent sur près de 300 mètres de long qui causèrent de nombreuses répliques sismiques durant les jours suivants. Cette tragédie, dont les causes ne furent jamais établies, causera la mort de 299 mineurs. Environ 150.000 personnes assisteront aux funérailles et à la cérémonie commémorative qui se déroula le 25 octobre 1930. Durant la seconde guerre mondiale, les raids aériens détruiront la centrale électrique ainsi qu'une partie des pompes d'exhaure mais la majorité des installations seront épargnées. En 1944, le régime nazi ordonna aux directions de détruire toutes leurs installations industrielles afin que celles-ci ne tombent pas entre les mains des américains. Cependant, les responsables des mines environnantes désobéirent à cet ordre, ce qui mènera à l'arrestation de Günther Venn, le directeur de grube Anna. Ce dernier sera néanmoins libéré suite à l'intervention de l'administration du district et, pour ne pas se faire arrêter de nouveau, Venn mettra en scène la destruction de deux turbines, ce qui n'empêcha pas la mine de reprendre son exploitation de manière optimale dès la fin du conflit.

En 1951, les deux sièges furent réunis pour former une mine composite et entamèrent un vaste plan de modernisation qui conduira à l'édification d'une tour d'extraction de 70 mètres de haut au dessus du puits Franz qui deviendra le puits de concentration de la société. La cokerie d'Anna I fut elle aussi modernisée et équipée entre 1954 et 1957 de 132 nouveaux fours supplémentaires. La crise du charbon met malheureusement à mal la société dont l'extraction commence à stagner. L'EBV décide alors de fusionner les chantiers d'Anna avec ceux de grube Adolf qui fut dès lors relégué à l'aérage via un tunnel de liaison situé à l'étage -860. Au milieu des années 70, la production de charbon et de coke s'est considérablement développée mais la crise pousse l'EBV à prendre de nouvelles mesures de rationalisation qui conduisirent à la fusion des sièges Anna et Emil Mayrisch qui devient le nouveau siège de concentration. La direction envisage alors de déplacer ses chantiers vers le nord mais un rapport apporte la confirmation de la présence d'importantes failles à cet endroit, ce qui empêcherait d'extraire le charbon de manière économiquement viable. Le gisement s'épuisant inéluctablement, l'EBV décide de fermer progressivement les différents chantiers et c'est finalement le 30 octobre 1992 que les sièges Anna, Adolf et Emil Mayrisch furent définitivement mis à l'arrêt. Une grande partie des installations furent démolies durant les années suivantes mais plusieurs bâtiments ainsi que le chevalement du siège Anna I furent conservés au sein d'une zone nommée Anna Park. Le chevalement du puits Eduard fut quant à lui démoli mais une partie des installations annexes comme les machines d'extraction ou encore la salle des pendus furent sauvegardées et intégrée au sein d'Energeticon, un musée consacré entre autres aux sciences et aux énergies renouvelables.

Energeticon / Anna Park
Konrad-Adenauer-Allee
52477 Alsdorf

https://www.energeticon.de/

      Reportage sur le siège Anna I et sur son chevalement.

      Reportage sur le siège Eduard qui ne possède plus de chevalement mais qui renferme une salle des pendus, de superbes galeries reconstituées ainsi que deux machines d'extraction.


Copyright (c) / Photos by Nicolas Elias, Xavier Fer & Laura Dambremont