La
Bergwerk Ibbenbüren, telle qu'on la connait aujourd'hui remonte à 1846
lorsque plusieurs petites mines d'anthracite de la région d'Ibbenbûren
fusionnent sous le nom de grube Glücksburg. Les puits principaux
étaient alors le morgensternschacht, un charbonnage actif depuis 1824
et faisant partie de zeche
Schafberg ainsi que le Beutschacht, actif
depuis 1841.
Dès 1851, le siège Von der Heydt est construit et est
relié à la gare d'Ibbenbüren. Cette année-là, la société prend son
essor et devient zeche
Ostfeld. Dans le but d'augmenter la production,
le puits Oeynhausen 1 est foncé mais en raison de venues d'eaux
importantes, la construction du siège est confiée à l'ingénieur anglais
William Coulson qui est spécialisé dans ce genre de problèmes. Après de
grosses difficultés, le puits atteint une profondeur de 73 mètres mais
Coulson décide de foncer un second puits destiné uniquement à
l'extraction, Oeynhausen
1 ne servant plus que pour l'exhaure. Devenu obsolète, le Beustschacht
ferme ses portes en 1870 et deux ans plus tard le puits Oeynhausen 2
atteint une profondeur de 202 mètres et est mis en service. Très
rapidement, Oeynhausen devient le siège principal d'Ostfeld et le
siège Von der Heydt devenant superflu, ferme en 1885. Dans
le but d'améliorer la ventilation dans les chantiers, le puits Theodor
est foncé à 2,5km du siège central. Ce puits est nommé en l'honneur de
Theodor Freund, chef de l'administration prussienne. En 1894 se
produit la plus grande catastrophe minière de la région lorsqu'une
canalisation d'eau éclate à 150 mètres de profondeur. L'afflux d'eau
était si important que les chantiers furent totalement noyés en
quelques jours. Dans le but d'assurer une production minimale, la
production fut transférée au puits Flottwellz, un petit puits
auxiliaire situé au nord d'Oeynhausen. Très vite, la direction fait
installer de nouvelles pompes et les chantiers sont progressivement
asséchés. Profitant de l'arrêt des travaux, le siège est entièrement
modernisé et en 1899, un triage-lavoir et une usine de briquettes sont
inaugurées. La production reprend au début du 20ème siècle et en 1905,
une centrale électrique au charbon est construite à proximité du siège.
La
guerre épargne les installations du bassin mais le Traité de Versailles
et le remboursement des dommages de guerres par l'Allemagne met à mal
Ostfeld. L'engagement de 600 nouvelles personnes entraîne un
appauvrissement du gisement, la production passant de 300.000 tonnes à
200.000 tonnes de charbon en l'espace d'un an. Cependant, ce
déclin fut amorti grâce au fonçage d'une centaine de petites mines de
charbon dans la région. Les deux mines les plus importantes de ce
groupe étant zeche Mathilde et Grube Miek. Durant cette période, le
Morgensternschacht est rouvert grâce à la volonté de la Gewerkschaft
Concordia. Il fut refermé en 1928. Après la guerre, la
société est reprise par la Preußische
Bergwerks- und
Hütten-Aktiengesellschaft, plus connu sous le nom de Preußag.
A
partir de 1924, un vaste plan de modernisation conduit à la rénovation
des chevalements et à un approfondissement des puits. Les installations
de jours sont agrandies, une nouvelle usine de briquettes est mise en
service et en février 1930, le puits Oeynhausen 3 est inauguré. Ce
puits dispose d'une machine d'extraction de 1.500 chevaux et est mis en
service deux ans plus tard. C'est également à cette époque que le
développement mécanique du charbon est progressivement utilisé. C'est
ainsi que le premier rabot à charbon est mis en service au début de la
seconde guerre mondiale, c'est le premier de ce genre en Europe. La
production augmente considérablement et passe à près de 350.000 tonnes
en 1943 pour un peu plus de 4.000 mineurs. Le bassin d'Ibbenbûren
ne fut que très peu touché par les bombardements. La seule
installation détruite fut la tour d'extraction du Morgenstern, que les
anglais considéraient comme une station radar. Après le remboursement
des dommages de guerre, l'expansion de la compagnie continua. Pour
pallier à la pénurie de charbon dans la nouvelle république fédérale,
plusieurs petits puits sont à nouveaux foncés et jusqu'en 1960,
plusieurs mines à flanc de coteaux sont ouvertes. Dans le même temps,
le Theodorschacht est agrandi et atteint les 603 mètres de profondeur.
Dans les années 50, un vaste projet prévoit de foncer le Nordschacht,
un siège situé au nord d'Oeynhausen, près de Mettingen. En 1954, la
centrale électrique est remplacée par une nouvelle, plus moderne et
beaucoup plus rentable. Elle devient rapidement la plus grande
consommatrice du charbon d'Ibbenbüren. En 1970, le puits
Bockradener est foncé. Il était prévu d'utiliser ces installations pour
l'extraction mais d'énormes venues d'eaux obligent la direction à
utiliser ce puits comme puits d'exhaure. Afin d'accéder aux veines les
plus profondes de la concession, le Nordschacht, dont les travaux ont
débutés en 1956, est approfondi jusqu'à 1471 mètres. Après la
crise du charbon, les puits mineurs de la concession ferment
progressivement leurs portes et le Morgensternschacht est
définitivement remblayé. Une centrale de refroidissement est inaugurée
au Nordschacht et dès 1986, le puits atteint sa profondeur finale avec
1.545 mètres., faisant de lui le puits le plus profond d'Europe. Le
1er janvier 1999, Preußag est repris par la Deutsche Steinkohle
AG, une filiale de la Ruhrkohle AG
et devient la DSK
Anthrazit
Ibbenburen GmbH puis renommée RAG Anthrazit Ibbenbüren
GmbH
en 2008. La société n'échappe hélas pas à la fin programmée
du
charbon et c'est finalement le 04 décembre 2018 que la
dernière
berline remonte à la surface.