Au
milieu du 19ème siècle, la rive gauche du Rhin est encore totalement
inexploitée bien que de nombreux sondages percent la zone depuis une
dizaine d'année. En 1851, l'entrepreneur Franz Haniel décide de
réaliser ses propres forages et introduit une demande de concession à
Homberg. Ses premiers essais restent malheureusement infructueux mais
lors de son sixième essais, il perce enfin une couche de charbon
exploitable située à 175 mètres de profondeur. La concession demandée
par Haniel est accordée en 1857 et possède une superficie de 93,5 km².
Nommée
Rheinpreußen,
cette concession donnera son nom à la société et jeta les
bases de toute l'exploitation
minière de l'ouest de la Ruhr. Fin 1857, Franz Haniel délègue la zone
d'exploitation à son fils Hugo qui débute aussitôt le fonçage d'un
premier puits dont les travaux furent rendus extrêmement difficile
suite à la présence de sables mouvants et d'argiles meubles dûs à la
proximité du Rhin. De plus, de nombreuses venues d'eaux entravent la
poursuite du chantier et, dans l'attente d'une solution, la
construction des installations de surface débute. En 1858, on compte
déjà sur le siège une aile d'ateliers ainsi qu'une forge et une
chaufferie équipée de huit chaudières. Le puits atteint les 94 mètres
de profondeur en 1861 mais les sables mouvants restent un problème
majeur, ceux-ci pouvant s'accumuler sur plus de quinze mètres par jour.
Malgré ces problèmes, la société décide de mettre en chantier le
fonçage d'un second puits à proximité du premier. Franz Haniel meurt en
1868 sans jamais avoir réussi à faire entrer Rheinpreußen en
production. Suite à sa mort, l'assemblée syndicale décide d'élire Hugo
à la présidence de la société et de l'épauler dans sa tâche par ses
frères Julius et Friedrich Wilhelm. En 1871, le puits un se retrouve
complètement noyé et les problèmes de sables mouvants impactent à leurs
tours les chantiers du second puits qui atteint à présent les 128mètres
de profondeur. Cependant, en 1876, deux étages sont aménagés au dessus
du niveau des sables et une tour malakoff est érigée. De puissantes
machines d'exhaure sont également construites pour assécher le puits
N°1 qui fini enfin par atteindre la couche de charbon en 1877. Un an
plus tard, le siège N°1/2 entre en production. Dans le même temps, la
construction d'un triage/lavoir et d'une cokerie débutent, ils seront
opérationnels l'année suivante.
La construction d'un
viaduc sur le Rhin dans les années qui suivirent fut extrêmement
bénéfique pour l'essor de la société qui voit ses exportations exploser
suite à la proximité avec l'industrie sidérurgique située à l'est.
Grâce à de nouvelles pompes d'exhaure, le puits 1 est approfondi pour
atteindre les 485 mètres. En outre, ce puits fut également équipé d'une
tour malakoff et d'une nouvelle machine d'extraction à vapeur de 400ch
possédant un tambour de six mètres de diamètre, l'une des plus grande
du bassin.
Cependant, alors que des mines comme Zollverein
prennent une ampleur considérable, Rheinpreußen stagne et il devient
urgent d'étendre la zone d'exploitation. C'est ainsi qu'en 1891, le
fonçage du puits N°3 débuta à 1.100 mètres du siège 1/2. Également
équipé de pompes d'exhaure, ce puits entra en production en 1898 après
avoir atteint une profondeur de 300 mètres mais, n'étant pas pourvu
d'un lavoir, sa production est alors transportée vers le siège 1/2 via
un convoyeur aérien et c'est à l'aube du 20ème siècle que le fonçage
des puits 4 et 5 débute à Moers. En 1903, la concession est divisée
mais Rheinpreußen reste en possession d'une zone de 51,4km², l'autre
partie portant désormais le nom de concession Rheinland. Les puits 4 et
5 entrent en production en 1904 et atteignent rapidement le rythme de
2.000 tonnes de charbon par jour chacun. Dans le but d'éviter toute
concurrence déloyale, la mine rejoint le Rheinisch-Westphalian Coal
Syndicate (RWKS), une organisation basée à Essen qui a pour but de
commercialiser et de stabiliser le cours du charbon. En 1906, une
cokerie est mise en service sur le siège N°4 qui est reconverti, avec
le puits N°3, en puits d'exhaure. Une installation portuaire est
également construite sur les rives du Rhin, ce qui facilitera encore un
peu plus l'exportation des produits qui seront en partie utilisés par
les centrales électriques de la Rheinisch-Westfälische
Elektrizitätswerk AG, deuxième producteur d'électricité allemand.
En
1912, l'extraction fut définitivement arrêtée au puits N°1 mais la
production en période de guerre décupla et il fut rapidement envisagé
de créer de nouveaux puits d'extraction. C'est ainsi qu'en 1922 fut
construit le siège 6/7 Pattberg dans la concession du Rheinland. En
1923, le siège N°4 fut modernisé et un puits aveugle fut foncé jusqu'à
la profondeur de 450 mètres. L'année suivante, les deux puits du siège
1/2 furent transformés en puits d'aérage à destination du puits 4 qui
devient le puits d'extraction principal de la société. Le 1er Novembre
1928, la cokerie du siège 1/2 ferme définitivement ses portes et, en
1931, c'est au tour de la cokerie du siège N°4. Deux ans plus tard,
Rheinpreußen achète la majorité des actions de zeche Neumühl, une mine
active depuis 1899 avant d'en reprendre la direction quelques années
plus tard.
Durant l'été 1935, il fut décidé de construire une
usine pétrochimique sur le siège N°5 dans le but de produire du pétrole
brut de synthèse à partir du charbon suivant le procédé Fischer
Tropsch, une méthode qui présente un très bon rendement mais qui
nécessite de très importants investissements, le rendant économiquement
vulnérable aux fluctuations des cours pétroliers. Outre le pétrole,
cette nouvelle installation permet également de produire des huiles et
du gaz. Durant la guerre, la production augmente une nouvelle fois et
un nouveau puits est mis en chantier à proximité du pont ferroviaire
Haus-Knipp. Nommé puits Gerdt, ce huitième puits, destiné à l'aérage,
entra en service en 1944. À la fin du conflit, la cokerie du
siège N°5 fut presque entièrement détruite par les bombardements
alliés. La production de coke continua dès lors dans l'ancienne cokerie
du siège N°4 avant la construction, en 1946, d'une nouvelle
installation au siège Pattberg. En 1951, Rheinpreußen AG change de nom
pour devenir la Rheinpreußen
AG für Bergbau und Chemie.
En 1952, le siège 1/2 est définitivement abandonné et une partie de la
concession est louée à la mine Diergardt, active depuis 1912. En 1957,
le puits 8 est équipé pour la manutention ainsi que pour le transport
de matériel. L'année suivante, le puits 9 est foncé sur le siège N°5 et
devient le puits de production central de la société. Il entra en
production en 1959 et cette même année, la famille Haniel revend ses
parts à la Deutsche Petroleum AG. Avec la mise en service du puits 9,
le puits 4 est reconverti en puits d'exhaure tandis que les puits 1, 2
et 3 sont remblayés. En 1965, une liaison est réalisé à 450 mètres de
profondeur entre le siège 6/7 Pattberg et le siège 5/9. En 1968, la
Ruhrkohle AG
absorbe Rheinpreußen et l'affilie à la Bergbau AG
Niederrhein, un groupement de mine qui comprend :
En
1970, le siège Pattberg est séparé de Rheinpreußen pour former la
Bergwerk Pattberg / Rossenray, mine qui sera par la suite reprise sous
la Bergwerk West avec zeche Friedrich - Heinrich. Les seuls puits
fonctionnels de Rheinpreußen sont les puits 4, 8, 5 et 9 mais en 1971,
la société ferme définitivement ses portes.
En 1990, le
chevalement ainsi qu'une partie du siège N°4, comprenant une machine
d'extraction furent rénovés et conservés comme monument industriel.