A la
recherche d'une nouvelle zone d'exploitation salifère dans le dôme de
sel du Allertal supérieur, Gerhard Korte réalise plusieurs sondages
entre Weferlingen et Eilsleben. Le succès est au rendez-vous et en
1889, Korte fonde la Bohrgesellschaft
Gott, à quelques pas de la ville
de Morsleben. Pour contourner la réglementation sur les réserves d'état
prussienne, il fonde son siège social dans le Siegerland, au
sud de Cologne. Dès lors, le premier puits fut mis en chantier dès 1897
et fut baptisé "Marie", du prénom de l'épouse de Korte. Le puits fut
foncé sans difficulté particulière et en quelques mois, il atteint 520
mètres de profondeur. Dans le même temps, une nouvelle zone urbaine
voit le jour à proximité et en 1898, le puits Marie entre en
production.
En
attendant la future construction d'une usine de traitement, le sel brut
est envoyé dans une usine louée à cet effet à Schönebeck. Ce n'est
qu'en 1902, après un raccordement à l'Elbe, que le siège Marie fut
totalement achevé. Selon la loi, une seconde entrée d'air est
requise dans toute mine d'importance. C'est ainsi qu'en 1910, le puits
Bartensleben fut foncé à 1.600 mètres au sud ouest de Marie. Il fut
finalisé en 1912 à 522 mètres de profondeur. Ce nouveau siège devient
rapidement le principal puits de production de la société et Marie
est converti en puits d'aérage. C'est à cette époque que la
structure prend le nom de Kali
und Steinsalzwerk Bartensleben. Le sel produit est d'une
qualité
exceptionnelle et Korte le destine autant à l'industrie chimique qu'à
l'alimentaire mais la crise économique qui découle du premier conflit
mondial déclenche une baisse des commandes et la surproduction
entraîne la fermeture provisoire de Bartensleben.
À l'aube de
la seconde
guerre mondiale, la mine est louée à la Luftwaffe pour la production et
le stockage de munitions antiaérienne. Cette nouvelle affectation
permet une
totale modernisation des installations des deux sièges et, entre 1944
et
1945, la mine enrôle des prisonniers de guerre venant pratiquement tous
du camp de concentration de Beendorf , un camp satellite du camp de
concentration de Neuengamme. Les hommes ont été principalement utilisés
pour l'agrandissement des installations souterraines tandis que les
femmes étaient destinées à l'élaboration et à la fabrication de pièces
d'avions à réaction Me262 et de fusées V1 et V2. Pour camoufler cette
activité souterraine, les puits Marie et Bartensleben avaient pour nom
de code : Bouledogue et Iltis.
Selon un rapport, 2021 femmes
et 749 hommes servaient dans ce camp de travail.
Après
la guerre, la société se relève péniblement mais l'extraction de sel
gemme reprend sans plus jamais atteindre le même niveau. Malgré les
efforts considérables alloués à la modernisation et au bien être des
ouvriers, la mine de sel ferme ses portes en 1969. Après cette
fermeture, les anciens chantiers accueillent pour un temps un élevage
de volaille avant que l'Office
national de protection contre les
rayonnements de
l'Allemagne de l'est ne commence à s'intéresser
au site. En
effet, celle-ci mène une étude visant à sélectionner un site
d'enfouissement pour déchets radioactifs de basse et moyenne activités.
Lors de cette étude, dix sites ont été sélectionnés mais la taille des
cavités de la mine de Bartensleben fut déterminante. Le permis de
stockage fut délivré en 1972 et les premiers colis radioactifs
arrivèrent dès 1978. Pour faciliter le stockage, la mine de
Bartensleben est complètement reconstruite et à l'heure actuelle, le
seul vestige de l'ancien siège est la conciergerie. À la fin des années
80, une nouvelle étude visant à permettre le stockage des substances
hautement radioactives voit le jour. Le but de cette manoeuvre est
clairement politique, la RDA voulant à tout pris se doter d'une
installation plus complète qu'au centre de stockage de Gorleben, situé
en Allemagne de l'ouest. À l'époque, Angela Merkel, alors ministre de
l'environnement, avait totalement ignoré l'avertissement des experts
ainsi que des employés qui craignaient pour la stabilité de la mine.
C'est ainsi qu'à partir de 1987, 6445 tonnes de sels cyanurés ont été
stockés sous terre. Cependant, un changement de la loi sur la sécurité
minière en couches géologiques profondes entraîne l'enlèvement de ce
sel toxique et l'envoi de celui-ci dans le centre de stockage
d'Herfa-Neurode. Cette nouvelle loi interdit par la même occasion, le
stockage des déchets de haute activité.
Entre 1994 et 1998, environ 22.320 m³ de déchets radioactifs ont été
stockés à Morsleben. L'activité de ceux-ci est de :
- Rayonnement alpha : 0.08 térabecquerel,
- Rayonnement bêta et gamma : 91 térabecquerels.
88%
de ces colis proviennent du territoire fédéral et des centrales
nucléaires de Rheinsberg et de Lubmin, 3% proviennent des dépôts
nationaux et 9%
proviennent du réacteur
de
recherche de Rossendorf.
Il s'agit principalement de
déchets mélangés, de concentrés d'évaporateurs, de résines et de
déchets sous haute pression.
Après la réunification du pays, la
gestion de la mine est remise à la République fédérale d'Allemagne
tandis que la responsabilité de la poursuite des opérations et déléguée
à l'Office fédéral
de radioprotection jusqu'à la fin des opérations de
stockages qui a lieu en 1998. Durant la phase d'enfouissement, pas
moins
de 36.753 m³ de déchets radioactifs ont été entreposés dans la mine
pour une activité totale spécifiée à environ 0.38 petabecquerel, ce qui
correspond à 3.8E+14Bq.
Depuis la fermeture définitive, la mine a été placée sous l'autorité du
ministère de l'environnement du Sachsen Anhalt. Une maintenance
permanente se poursuit tandis que le remblayage définitif des
halls de stockage est en cours pour une durée approximative de 20 ans.
Le coût total de cette sécurisation est estimée à deux
milliards
d'euro.