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À l'aube du 19ème siècle, une vague de sondage houiller est entreprise dans la région orientale de la Ruhr et c'est en 1801 que ces recherches menèrent à la découverte d'une importante source de saumure située 476 pieds sous la localité d'Unna, au sud de Kamen. Bien que la présence de saumure était inconnue à cet endroit, un important gisement salifère était déjà exploité sporadiquement dans la région depuis le 14ème siècle et plus industriellement depuis le 17ème siècle via une saline nommée Königsborn (fontaine du roi) en l'honneur du roi prussien Friedrich Wilhelm I.
Dans le but de protéger cette nouvelle source, l'administration empêcha l'avancée de tout nouveaux travaux pendant plus d'un demi siècle et ce n'est qu'en 1865, après la promulgation de la loi minière générale que ce blocage fut levé. De nouveaux sondages effectués plus en profondeur mènent enfin à la découverte du charbon mais aucun projet d'extraction n'est envisagé jusqu'en septembre 1872, année où la zone d'exploitation fut acquise par un consortium lié à l'État Prussien pour 300.000 thalers. En novembre 1873, après avoir obtenu une concession de plus de 17km², ce consortium dirigé par Friedrich Grillo fonde la Gewerkschaft Steinkohlen- und Salzsolbergwerk Königsborn. Grillo envisage alors de combiner l'extraction du charbon et du sel au sein d'une même installation équipée de fours à coke, les gaz produits pendant la cokéfaction pouvant être réutilisés pour faire bouillir le sel et faire ainsi diminuer les coûts de production. Cependant, même si ce procédé est prometteur, il ne sera jamais mis en œuvre. Une saline est malgré tout construite et en 1874, le fonçage du premier puits houiller débute. L'opération s'avère cependant compliquée à cause de la nature marnière du sol ainsi que d'un important gisement de minerais ferreux et ce n'est finalement qu'en 1880 que la mine entre en exploitation.

Le charbon ne convenant pas pour le coke, une importante usine de briquette voit le jour à proximité de la gare de triage de Königsborn, installation qui sera suivie d'une modernisation du système de ventilation qui sera équipé d'un ventilateur Moritz ainsi que d'une liaison souterraine vers la société voisine de zeche Monopol, située à Kamen. Hélas, les briquettes de charbon maigre ne rencontrent pas le succès envisagé et dès l'année suivante, la fabrique est revendue à la Vereinigte Dahlhauser Tiefbau, une mine de charbon située à Bochum. En 1885, un important gisement de charbon gras fut découvert au nord-est d'Unna et dès 1887, un second puits est fonçé dans cette nouvelle zone d'exploitation. Ce charbon est cette fois parfait pour la cokéfaction et dans les années suivantes, deux cokeries composées de fours à système Coppée-Otto entreront en fonction. En outre, la société s'équipe également d'un grand triage-lavoir équipé d'une double ligne de traitement permettant de traiter à la fois le minerais de fer et le charbon ainsi que d'un téléphérique pouvant transporter les différentes productions vers ce dernier. En 1895, la société devient anonyme et prend le nom de Aktiengesellschaft für Bergbau, Salinen- und Solbad-Betrieb.
Le siècle se termine avec la construction d'un nouveau siège équipé d'une cokerie et de deux puits dans le district d'Altenbögge, le siège 3/4. Après la mise en service de ce dernier, en 1902, la société s'équipe des premiers marteaux piqueurs pneumatiques du bassin de la Ruhr ainsi que d'une importante centrale électrique couvrant les besoins de l'intégralité de la concession qui se voit encore augmentée en 1911 pour atteindre une superficie de 53.8km², superficie qui sera réduite d'1 km² au profit de zeche Werne, détenu par la Klöckner-Werke AG. À partir de 1911, un cinquième puits sera fonçé à Heeren-Werve mais l'entrée en guerre de l'Allemagne ralentit considérablement les travaux. Le conflit épargnera la société qui se voit dotée en 1924 d'une nouvelle cokerie qui mit définitivement fin à l'ancienne installation de cokéfaction du siège N°2.

Dans les années vingt, la société, qui possède la seule concession rassemblant des gisements minerais de fer, de charbon et de sel d'Allemagne, est composée comme ceci :

- siège Königsborn 1/2,
- siège Königsborn 3/4,
- 2 cokeries,
- 1 triage-lavoir,
- 1 centrale électrique,
- 1 fabrique de boulets,
- 1 saline.

En 1928 débuta la construction d'une grande tour d'extraction au dessus du puits N°4. Dessinée par l'architecte Alfred Fischer, cette dernière entre en production en 1929 et devient rapidement le puits d'extraction principal de la société. Les travaux de fonçage du puits N°5 reprirent en 1930 avant d'être à nouveau stoppés suite à la crise économique mondiale qui signe également l'arrêt de l'exploitation du minerais de fer ainsi que l'exploitation de la saline dont la dernière installation fut fermée en 1941. Le puits N°5 fut quant à lui inauguré en 1944 en tant que puits d'aérage et d'extraction et remplaça le puits N°1 qui fut gravement endommagé suite à un attentat à la bombe perpétré le 18 mars 1945. La fin du conflit se solde par de lourds dégâts sur le siège 3/4 mais, dès les années 50, ce dernier est à nouveau opérationnel et de nouveaux chantiers souterrains entrent en production. En 1950, la société commence le fonçage du puits N°6 qui entra en fonction deux ans plus tard en tant que puits d'aérage. C'est également durant cette période que Königsborn reprend le siège de Werne N°3, à l'arrêt depuis 1930, cette fusion donnant naissance à la Bergwerksgesellschaft Bergwerke Königsborn-Werne AG, société placée dorénavant sous l'égide de la Klöckner-Werke AG. En 1955, le puits N°2 est approfondi et est reconverti en puits d'aérage. C'est cette même année que la société change à nouveau de nom pour devenir la Klöckner-Bergbau Königsborn-Werne AG. Dans les années 60, le siège 2/5 est mis à l'arrêt et le puits N°5 est également reconverti en puits d'aérage pour Königsborn 3/4 qui devient dès lors un siège de concentration. En 1968, la société fut reprise par la Ruhrkohle AG qui l'intègre à la Bergbau AG Westfalen avant de fusionner sa zone d'exploitation avec la concession Monopol III, cette dernière atteignant ainsi une superficie de près de 94km². En 1971 débute le fonçage par congélation du puits N°7 nommé schacht Lerche, un siège moderne qui sera relié souterrainement au puits Werne 3 dans les années suivantes. Cependant, la RAG entreprend un processus de concentration qui mène à la fermeture de la cokerie du siège 3/4 en novembre 1977 puis à l'arrêt de la production sur l'ancienne concession de Königsborn, mettant ainsi définitivement fin à l'exploitation du puits N°4 qui fut reconverti en puits d'exhaure pendant quelques années. Seul le puits Lerche reste en fonction en tant que puits de transport pour le siège de concentration Heinrich Robert à Hamm, dorénavant intégré au sein de la Bergwerk Ost, une société tentaculaire composée de ces différents puits :

- schacht Robert - extraction,
- schacht Heinrich - transport,
- schacht Lerche - transport / climatisation,
- schacht Sandbochum - aérage,
- schacht Grimberg 2 - aérage,
- schacht Grillo 1 - exhaure,
- schacht Haus Aden 2 - exhaure.

Lerche ferme finalement ses portes le 30 septembre 2010, en même temps que les autres installations de la société.

Je remercie Xavier pour ses belles photos d'extérieurs ainsi que de l'intérieur de Königsborn 4.

      Reportage sur le siège 3 / 4 de zeche Königsborn.

      Reportage sur le puits Lerche dont la machine a malheureusement été revendue.

Copyright (c) / Photos by Nicolas Elias, Xavier Fer & Laura Dambremont