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À la fin du 19ème siècle, la partie orientale de la Ruhr est déjà fortement industrialisée suite à la découverte du charbon dans la région de Bergkamen. Cependant, certaines zones restèrent rurales pendant des décennies et ce n'est qu'en 1899 que la Bohrgesellschaft Trier entame une série de fonçage à Bockum et à Hövel qui menèrent, au début du 20ème siècle, à la découverte du charbon dans cette partie du bassin. Ces concessions sont par la suite acquises par l'Internationale Bohrgesellschaft, société appartenant au célèbre Anton Raky, et fusionnées sous le nom de concession Trier III, une société d'exploitation nommée Steinkohlenbergwerk Trier III étant créée au même moment. C'est finalement en 1905 que le fonçage des deux premiers puits débute, la mine prenant le nom de zeche Radbod. L'origine de ce nom serait un hommage au duc de Frison Radbod mais certaines sources contradictoires parlent d'un hommage à l'archevêque Radbod von Trier. Les débuts de l'exploitation sont prometteurs mais, le 11 novembre 1908, la mine fut le théatre de l'une des pires catastrophe de la Ruhr. En effet, un coup de grisou suivi d'un important incendie causa la mort de 350 mineurs et ce n'est qu'après le noyage total des chantiers que le feu put être maîtrisé. Ce n'est que deux ans plus tard que l'extraction du charbon put reprendre en suivant de nouvelles règles de sécurité qui menèrent à l'introduction des premières lampes électriques du bassin. Entre 1910 et 1912 débute le fonçage des puits Radbod 3 et 4. Destinés à l'aérage du siège 1/2, ces derniers n'empêchèrent pas les catastrophes de se succéder durant les années suivantes ainsi que dans l'entre-deux guerres.

- en 1916 - six morts,
- en 1917 - quatre morts,
- en 1923 - trois morts,
- en 1939 - neuf morts.

En 1914, Radbod se modernise en généralisant l'utilisation de locomotives à air comprimé, permettant ainsi à 128 chevaux de remonter à la surface. Une cokerie et un triage-lavoir sont également inaugurés mais, en 1919, la mauvaise situation financière de la société entraîne le rachat de cette dernière par la Köln-Neuessener-Bergwerksvereins. C'est sous la nouvelle direction que le puits 5 fut foncé sur le siège 1/2. Nommé Winkhaus en hommage au directeur général de la société, ce dernier devient le puits d'aérage central de Radbod qui sera intégrée, en 1930, à la nouvelle société Hoesch-Köln-Neuessen AG. Sous le IIIème Reich, la demande en charbon explose et Radbod dépasse pour la première fois le million de tonnes de charbon. Durant cette période, le siège est modernisé et un nouveau chevalement est construit sur le puits N°5. Plus de 1.500 travailleurs forcés sont alors employés à Radbod qui continue son expansion jusqu'au 10 mars 1945, date à laquelle un important raid aérien fut responsable de la destruction presque totale des installations qui furent totalement mises à l'arrêt à partir du 30 mars. En 1949, le puits 5 est reconverti en puits d'extraction et devient le puits de concentration de la société avec une production estimée à 5.000 tonnes par jour. Le puits 3 est quant à lui abandonné dès 1960. L'appauvrissement du gisement commence cependant à se faire durement sentir et la société n'a pas d'autre choix que de louer une partie inexploitée de la concession de la société voisine Heinrich Robert.
Après son absorption par la Ruhrkohle AG, en 1969, Radbod fait l'acquisition d'une nouvelle zone d'exploitation totalement vierge située au nord de la sienne : la concession Donar. Considérée comme l'avenir de la houille allemande, cette concession possède une réserve de charbon estimée entre 100 et 150 millions de tonnes, ce qui fait de cette dernière la plus grande zone d'extraction inexploitée de la Ruhr. Après l'arrêt définitif de la cokerie, deux nouveaux puits sont mis en chantier sur Donar dont le puits 6 qui atteint la profondeur de 1.350 mètres. Cependant, le 11 avril 1989, un plan d'exploitation principal pour interruption d'activité est mis en place par la RAG et la concession Donar ne sera jamais exploitée par manque de moyens financiers. La mine ferme finalement ses portes le 31 janvier 1990 obligeant 300 mineurs à prendre leur retraite anticipée, le reste du personnel étant quant à lui transféré à Heinrich Robert. Le puits 6 resta ouvert encore quelques années pour l'exhaure avant d'être définitivement rebouché en 2013 sans jamais avoir été exploité.


      Reportage sur le siège 1 / 2 / 5  et 6 de Radbod et sur deux de ses machines d'extraction.

Copyright (c) / Photos by Nicolas Elias, Xavier Fer & Laura Dambremont