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Au 19ème siècle, alors que les régions d'Alsdorf et d'Herzogenrath sont en pleine industrialisation, la partie nord du district reste vierge de toute exploitation. À cette époque, personne ne soupçonne la présence d'un gisement exploitable à cet endroit car les lignes de failles situées sous Geilenkirchen plongent à une profondeur non rentable économiquement. Cependant, l'entrepreneur minier Friedrich Honigmann est convaincu du contraire et c'est en 1885 que les premiers sondages sont entrepris à Hückelhoven. Ceux-ci apportent rapidement la preuve qu'un riche gisement d'anthracite se trouve à une profondeur récupérable et, en 1899, Honigmann devient le propriétaire de 29 concessions minières ainsi que le premier directeur de la Gewerkschaft Hückelhoven. L'ouverture de la ligne de chemin de fer entre Baal et Roermond motive ce dernier à entreprendre la construction d'une grande mine moderne et, en 1911, le fonçage des deux premiers puits débute. Friedrich Honigmann mourrut hélas en 1913, sans jamais avoir vu la moindre berline de charbon remonter au jour. C'est son fils Eduard qui reprendra la direction de la société mais ce dernier fut tué deux ans plus tard, en plein conflit mondial.
Entre 1916 et 1920, la Gewerkschaft Hückelhoven passe entre les mains de Frits Fentener van Vlissingen qui décide de placer les actions des héritiers Honigmann dans la Nederlandsche Maatschappij tot Uitginning van de Steenkolenerveld, un holding houiller dépendant de la Steenkolen Handels Vereeniging une entreprise diversifiée possédant des activités dans les domaines de l'énergie, de la vente en gros, de la nutrition animale, de l'investissement et du transport lourd. C'est à cette époque que la mine prendra le nom de zeche Sophia-Jacoba en hommage à Sophia Schout Velthuijs, épouse de Frits Fentener van Vlissingen et à Jacoba Philippina van Dam, épouse du directeur de la mine Isaäc Pieter de Vooys. Le développement de la mine est exponentiel et, dès 1926, près de 2.161 ouvriers y sont employés. Pour répondre au besoin croissant de logements, la société fit construire la cité minière de Schaufenberg entre 1921 et 1926 avant d'entamer la construction d'une importante école des mines.

En 1927 débute le fonçage du puits N°3, bientôt suivi par les travaux préparatoires du puits N°4 dont le creusement débuta en 1934 à Ratheim. En 1937, les premières locomotives diesel furent introduites dans les chantiers, la société renonçant petit à petit au travail des chevaux de mines dont le dernier prit sa retraite en 1951. Durant la guerre, Sophia-Jacoba subit d'intenses tirs d'artillerie qui détruisirent plusieurs bâtiments miniers ainsi qu'une majorité des maisons ouvrières appartenant à la société. Le personnel fut évacué et une équipe d'urgence tenta de maintenir la mine en état mais la destruction de la station de pompage principale engendra le noyage de la mine jusqu'au niveau -360, entraînant la mise à l'arrêt des installations jusqu'à la fin du conflit. Après la reprise des activités, l'exploitation du charbon se déporte progressivement vers le nord-ouest, nécessitant rapidement la construction d'un nouveau siège. À cet effet, le puits N°4, qui était jusqu'alors utilisé pour l'aérage, est reconverti en puits d'extraction avant d'être équipé, en 1959, d'une monumentale tour d'extraction en béton armé dessinée par l'architecte industriel Fritz Schupp. La même année, l'effectif de la société atteint les 5.669 ouvriers. C'est également durant cette période que la partie nord de la concession fut acquise par les mines d'État hollandaises qui souhaitent jumeler Sopia-Jacoba à la nouvelle mine d'État Beatrix. Le déclin de l'industrie charbonnière empêcha cependant la mise en place de ces plans et la Staatsmijn Beatrix ferma ses portes en 1962 sans jamais avoir extrait de charbon. Le puits N°5 entra en fonction en 1960, peu de temps avant que ne débute les travaux de creusement du puits N°6. Destiné à l'extraction, ce puits fut foncé sur le siège N°4 avant d'être équipé d'une tour d'extraction identique. Ce siège, étant dorénavant reconnu comme étant l'un des plus modernes d'Allemagne, s'équipa en 1979 d'un important triage qui fut complété d'une installation de lavage en 1983. Fonctionnant au sein d'un immense bâtiment de forme circulaire, cette installation est totalement unique en son genre. Trois sièges sont alors en fonction :

- le siège 1/2/3,
- le siège 4/6,
- le siège 5.

En 1973, la mine fut acquise par la Rotterdamsch Beleggings Consortium N.V. avant d'être rachetée par la Ruhrkohle AG en 1990. Redevenue allemande, Sopia-Jacoba fut hélas estimée comme économiquement non rentable par de nombreux politiciens allemands et ce, malgré une réserve jugée suffisante pour environ 100 ans d'exploitation. Devant ces critiques, la RAG prend la décision de fermer progressivement les installations et c'est finalement le 27 mars 1997 que la dernière berline remonte à la surface.
Dans les années qui suivirent, la majorité des bâtiments liés à la société furent démolis mais l'association Förderverein Schacht 3 Hückelhoven e.V. parvient à empêcher la mise à terre du chevalement du puits N°3 qui fut par la suite transformé en musée. Il ouvrit ses portes au public le 27 mars 2007, dix ans jour pour jour après l'arrêt de l'extraction.

Sophia Jacoba Schacht 3
Sophiastraße, 30
41836 Hückelhoven
http://www.schacht-3.de/

Je remercie Xavier pour ses photos ensoleillées.

      Reportage sur le chevalement du puits N°3 ainsi que sur sa machine d'extraction. Ce reportage contient aussi quelques vues du puits N°4 ainsi que du lavoir en rotonde.


Copyright (c) / Photos by Nicolas Elias, Xavier Fer & Laura Dambremont