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Au 17ème siècle, les guerres de conquête du roi Louis XIV entraînent le rattachement à la France d'une partie du Hainaut, fusion qui permet également l'absorption de plusieurs sociétés implantées dans la région. L'approvisionnement en charbon pose cependant problème car les mines du bassin borain sont alors toutes situées de l'autre côté de la frontière, aux Pays-Bas autrichiens. Cependant, un industriel carolorégien actif dans les charbonnages du Mambourg, Jacques Desandrouin, est convaincu que les veines de houille de la région de Mons se prolongent côté français et c'est en 1716, après la mort de Louis XIV, que ce dernier obtient l'autorisation de réaliser les premières prospections dans la région de Fresnes-sur-Escaut. Desandrouin confie les recherches à Jacques Mathieu, un ingénieur venant de Lodelinsart, ainsi qu'à une vingtaine de mineurs recrutés à Charleroi et c'est en 1720 qu'une première veine est découverte à 70 mètres de profondeur. Situé dans la prairie d'une dénommée Jeanne Colard, ce sondage donnera naissance à la première fosse de Fresnes : la fosse Jeanne Colard. Trois puits sont foncés mais le charbon extrait est de mauvaise qualité et ne sert qu'à un usage domestique. Le charbonnage prospère malgré tout mais, en 1720, la rupture du cuvelage d'un des puits entraîne l'abandon de la mine et la revente des installations.
Desaudrouin ne perd pas espoir et c'est avec le soutien de l'État ainsi que d'une partie de ses associés que ce dernier entreprend de nouvelles recherches en se déplaçant vers Valenciennes. L'entreprise est un succès et c'est en 1734 que l'on découvre une importante veine de charbon gras à la fosse du Pavé, située à Anzin. Trente-cinq nouveaux puits sont alors fonçés dans la même zone et à la moitié du 18ème siècle, la région d'Anzin devient d'une importance capitale dans l'extraction de la houille. Trois sociétés sont alors actives dans la région :

- la Société de Cernay,
- la Société Desandrouin-Cordier,
- la Société Desandrouin-Taffin.

C'est finalement le 19 novembre 1757, sous l'impulsion du duc Emmanuel de Croÿ, que ces différentes sociétés sont réunies sous le nom de Compagnie des Mines d'Anzin. Durant les vingt années qui suivirent, quinze nouvelles fosses sont construites et dès 1790, près de 300.000 tonnes de charbon sont extraites des différents sièges de production dont voici une liste non exhaustive :

- la fosse des Rameaux,
- la fosse du Chaufour,
- la fosse du Mambour,
- la fosse Tinchon,
- la fosse Lomprez,
- la fosse du Poirier,
- la fosse des Trois Arbres,
- la fosse Beaujardin,
- la fosse Bleuse Borne,
- la fosse Dutemple.

C'est lors du fonçage de cette dernière, en 1764, que l'ont rencontre pour la première fois le "Torrent d'Anzin, une très importante nappe aquifère qui entraînera d'immenses difficultés dans les fosses de la région de Valenciennes. Les venues d'eaux à Dutemple sont si importantes que le chantier de creusement s'interrompit pendant près de 62 ans avant d'être définitivement achevés en 1826. Anzin devient progressivement l'archétype de la société capitaliste par excellence mais la révolution française entraîne des grands changements de l'actionnariat, les actifs des nobles émigrés étant saisis avant d'être rachetés par Desaudrouin qui les revend à un groupe financier issu de la Compagnie des Indes Orientales et qui comprend les familles Desprez, Perier, Couteulx, Bernier, Pourrat, Thieffries ainsi que Guillaume Sabatier. C'est à cette période que les Perier prennent le contrôle des Mines d'Anzin, grâce notamment à l'appui financier de Sabatier. En 1833, la baisse des salaires et la non prise en compte des difficultés des mineurs entraînent un vaste mouvement de grève nommé "l'émeute des quatre sous". Après quatre jours de grève, la compagnie fit appel à l'armée et en l'espace de quelques heures, c'est près de 3.000 soldats qui tentèrent de ramener l'ordre dans les fosses occupées. Les mineurs finirent par reprendre le travail après 56 jours sans avoir rien obtenu mais les journaux finirent par mettre l'opinion publique du côté des travailleurs, ce qui fit plier la société sur la question des salaires. L'année suivante, Anzin se dote du premier réseau de chemin de fer du nord de la France, offrant à la société un avantage décisif sur ses concurrents. Par la suite, des dizaines de nouveaux puits sont fonçés parmi lesquels :

- la fosse Villars,
- la fosse St Mark,
- la fosse Mathilde,
- la fosse Amaury,
- la fosse Joseph Périer,
- la fosse Chabaud la Tour,
- la fosse Audiffret-Pasquier.

La majorité de ces sièges sont éphémères mais, petit à petit, la société commence à centraliser ses différents lieux de production, une tendance qui se confirmera avec la création de plusieurs grands charbonnages au début du 20ème siècle. C'est ainsi qu'en 1900 vient au monde la fosse d'Arenberg. Dotée de deux puits, celle-ci devient rapidement l'un des sièges les plus importants du bassin, produisant dès 1906 près de 220.000 tonnes de charbon par an. C'est également en 1900 que les travaux préparatoires de la fosse Ledoux débutent près de la frontière belge. Peu avant la première guerre mondiale, un riche gisement anthraciteux est découvert près de Raismes, donnant naissance au siège Sabatier. L'entrée en guerre de la France interrompt cependant les travaux qui ne reprirent qu'en octobre 1920. Les chantiers de cette fosse doivent hélas faire face à de nombreuses venues d'eaux qui finirent par stopper une grande partie des extractions en mai 1925. Enfin, c'est en 1927 que débute le fonçage de la dernière mine construite par la société : la fosse Heurteau. Lors de la seconde guerre mondiale, Anzin connaît une lourde occupation militaire et une grande partie du personnel est envoyé au front. La région sera libérée en septembre 1944 et les installations minières seront remises en fonction de manière optimale. En 1946, les mines françaises sont nationalisées et le Groupe de Valenciennes est créé grâce à la fusion de six sociétés :

- la Compagnie des mines d'Anzin,
- la Compagnie des mines de Douchy,
- la Compagnie des mines de Marly,
- la Compagnie des mines de Vicoigne,
- la Compagnie des mines de Thivencelle,
- la Compagnie des mines de Crespin.

Après la nationalisation, les installations de la fosse Ledoux sont modernisées et un nouveau lavoir y est construit. En outre, la mine est reliée souterrainement aux fosses Chabaud la Tour et Vieux-Condé qui lui servirent pour l'aérage. Ledoux et Sabatier deviennent dès lors des sièges de concentration. En 1954, un puits à double compartiment est fonçé à Arenberg qui devient lui aussi un siège de concentration. Surmonté d'un chevalement de type portique et équipé de quatre cages à trois étages chacune, cette nouvelle structure permet à la mine de devenir l'unité de production la plus importante du groupe. En 1973, cette dernière fut intégrée au Groupe de Douai, un ensemble composé de quatre anciennes sociétés :

- la Compagnie des mines d'Aniche,
- la Compagnie des mines d'Azincourt,
- la Compagnie des mines de l'Escarpelle,
- la Compagnie des mines de Flines.

Après ce changement de groupe, Arenberg continua de fonctionner jusqu'au 31 mars 1989, après 89 ans de bons et loyaux services. À l'aube des années 80, seuls deux sièges produisent encore dans le groupe de Valenciennes mais en mai 1980, l'unité de production Sabatier ferme ses portes après avoir extrait 21.920.000 tonnes de charbon. Seule la fosse Ledoux extrait encore du charbon mais, après la fermeture des mines Chabaud la Tour et Vieux-Condé, le siège se retrouve complètement isolé et c'est finalement le 30 décembre 1988 que ce dernier ferme ses portes après la remontée d'une dernière berline symbolique.

      Reportage sur le magnifique siège de Wallers-Arenberg, principal charbonnage de la société.

      Reportage sur le chevalement du siège Sabatier.

      Reportage sur la fosse Ledoux.

      Reportage sur le siège Dutemple.

      Reportage sur le siège du Sarteau et sur sa tour malakoff.

      Reportage sur les bornes de puits de la Compagnie des Mines d'Anzin.


Copyright (c) / Photos by Nicolas Elias, Xavier Fer & Laura Dambremont