L'exploitation
des zones situées au sud de la Haine fut mis à l'écart durant longtemps
même si quelques veines affleuraient. Cependant, dès le début du 19ème
siècle, plusieurs sondages et bouveaux de recherches furent entrepris.
Réalisés de manières anarchiques, ces prospections influenceront
grandement le partage des concessions. En 1843, des recherches
financées à l'est de Ressaix par la comtesse de Marnix-Van der Gracht
portèrent leurs fruits. L'exploitation fut déléguée à Gustave Lebon, un
entrepreneur des chemins de fer qui avait déjà repris l'ancienne
concession du comte Vanderburght dont d'autres travaux de recherches
avaient été infructueux. Durant l'année suivante, Lebon fit foncer
quatre nouveaux puits avant de créer la Société du Charbonnage de
Morlanwelz-Mont-Ste-Aldegonde et, en 1857, d'importants
travaux
menèrent à la création du siège N°1 de Ste Aldegonde. Cette même année,
la société Desmedt-Van Montfort décida de sonder la concession de
Ressaix, la conduisant à la création de la Société du Centre
et de son
siège des Trieux. En 1882, cette société s'étend au nord-ouest en
absorbant la concession du Levant de Péronnes, une zone qui comprenait
entre autres des extensions vers Binche et Waudrez qui comptait alors
deux puits:
- Puits de la
Garde de Dieu
- Puits de
recherche N°1
Ces
puits, jugés trop pauvres, ne furent malheureusement plus exploités. En
1886, Ressaix fonce son second siège : Les Trieux N°2 avant d'être
racheté en vente publique par Evence Coppée, redoutable homme d'affaire
et détenteur depuis 1879 d'une usine à Ressaix. Celui-ci entreprit dès
l'année suivante une unification des sociétés limitrophes et c'est
ainsi qu'en 1887, la Société du Charbonnage de
Morlanwelz-Mont-Ste-Aldegonde, devenue la Compagnie Générale des
Houillères Franco-Belges puis le Charbonnage de
Maugrétout, fut
absorbée. Il en fut de même, en 1890, pour la Société des Charbonnages
de Leval-Trahegnies, active depuis 1872 et possédant le siège de la
Courte ainsi qu'un ancien puits, nommé "Georges", situé à Epinois. La
Société du Centre change alors de nom pour devenir la Société des
Charbonnages de Ressaix. Sa production est alors de 85.000
tonnes de
charbon par an, un charbon gras qui servit à développer plusieurs
batteries de fours à coke dont Coppée avait inventé un nouveau système.
D'une qualité inégalée, le coke produit participera grandement à
l'essor des fonderies du Centre. Outre le four à coke "Coppée", qui
sera vendu à 25.000 unités dans le monde, le traitement et la
valorisation des sous produits du coke, comme le benzol ou le goudron
deviendra également une spécialité familiale. En 1891, la société
absorba la seconde partie de la concession des Charbonnages de
Péronnes, La concession de la Princesse, une puissante zone
d'exploitation qui comprend alors :
- Le siège N°2
Ste Marie,
- Le siège N°4
Ste Barbe,
- Le siège N°5 St
Albert.
Le
Siège N°1 Richébé et le N°3 St Vaast furent abandonnés lors de la
création de la société en 1856. En 1909, Ressaix prend en location les
sièges de l'ancienne Société Anonyme de Houssu, dont la concession est
active depuis 1737. Ces puits sont les suivants :
- Le siège N°2,
- Le siège
Letoret,
- Le siège N°6 /
N°7,
- Le siège N°8 /
N°9.
Associée
à l'époque aux Charbonnages de Haine St
Pierre et la Hestre, Houssu fut séparée de ceux-ci au profit de la
Société Anonyme des Charbonnages de Mariemont-Bascoup. Le siège 8/9 de
Houssu sera rénové entre 1912 et 1921, devenant le siège 8/10 après le
fonçage d'un nouveau puits moderne. En outre, ce siège fut également
équipé d'une cokerie qui sera bombardée lors de la seconde guerre
mondiale, causant un important incendie dans le secteur des
sous
produits. Visible à des kilomètres, l'importante fumée noire qui se
dégagea de l'usine causa des problèmes respiratoires et cutanés à une
grande partie de la population
En
1911, la famille Coppée
s'associe avec le groupe Warocqué et une société de Hasselt et
emportent ainsi la concession de Genk-Zutendaal, sous As, en Campine.
Cette concession verra naître le charbonnage de Winterslag en 1917. À
l'aube de la guerre, la société
en commandite simple Evence Coppée et Cie
possède les Charbonnages de Ressaix ainsi que des cokeries et des
ateliers dans le Centre, une concession campinoise, 12 usines de
sous-produits, 600 maisons ouvrières et 10 navires. La création de
fabriques d'engrais en France entraîna le développement de plusieurs
grandes exploitations agricoles dont on retrouve des éléments dans les
premières cités-jardins des charbonnages campinois. Après le premier
conflit mondial, Ressaix investit massivement dans la création des
sièges Ste Elisabeth et Ste Marguerite avant d'entamer une politique de
centralisation et de suppressions de puits.
En 1925, il ne
reste que neuf sièges actifs :
- Le siège des
Trieux,
- Le siège de la
Courte,
- Le siège Ste
Barbe,
- Le siège Ste
Marie,
- Le siège Ste
Aldegonde,
- Le siège St
Albert,
- Le siège Ste
Marguerite,
- Le siège Ste
Elisabeth,
- Le siège Houssu
8/10.
Ce dernier connu
un grave accident qui causa la mort de 18 mineurs en 1929.
Après
la seconde guerre mondiale, les autorités belges veulent ramener la
production annuelle de charbon à son niveau de 1938. La société décida
alors de concentrer sa production sur les sièges Ste Marguerite et St
Albert dont les aides liées au plan Marshall allaient mener à la
reconstruction totale du puits N°1 qui fut dorénavant équipé d'une
grande
tour d'extraction en béton. Inaugurée en 1954, cette tour possède une
capacité de production journalière de 3.000 tonnes de charbon.
Largement automatisée, cette installation possède également une machine
d'extraction construite conjointement par les ateliers du Thiriau à La
Louvière et par les usines Alstom de Belfort. Outre ces sièges, le plan
Marshall permit également la construction du triage-lavoir de Péronnes,
une installation qui permit le traitement de 400 tonnes de charbon à
l'heure.
En 1959, les sociétés charbonnières liées aux groupes
Coppée et De Launoit fusionnèrent au sein de la Société Anonyme des
Charbonnages du Centre. Les sociétés concernées par ce
regroupement
sont :
- Les Charbonnages
de La Louvière et Sars-Longchamps,
- Les Charbonnages
de Mariemont-Bascoup,
- Les Charbonnages
de Ressaix.
On
retrouve également dans cette fusion la concession de la Vaucelle, une
réserve de 625 hectares non exploitée et absorbée par Ressaix en 1925.
Une
jonction fut entreprise entre les sièges St Albert et St Arthur, situé
sur la concession de Mariemont, mais l'opération fut vite abandonnée,
l'activité extractive des Charbonnages du Centre prenant fin le 30 juin
1969. La société ne mit cependant pas fin à ses activités et décida
d'investir, en 1972, à 50% dans le capital de la société Ryan Europe.
Depuis, ces deux sociétés poursuivent indépendamment une activité de
relavage et de récupérations de produits de terril, Ryan Europe étant
désormais contrôlé en totalité par des actionnaires étrangers.
Je
remercie Xavier pour ses photos extérieures du St Albert et du lavoir
de Péronnes ainsi que pour les bornes du St Albert, Ste Marguerite, Ste
Barbe et Richébé.