À la
fin du 19ème siècle, les spéculations sur la présence d'un bassin
houiller en Campine pousse le géologue André Dumont à fonder la Société Anonyme de
Recherche et d'Exploitation.
Réalisé en 1899 à la frontière hollandaise, à Elen, son premier sondage
est abandonné après 60 mètres de profondeur. Il entreprend un second
forage dans la même zone mais s'arrête à 878 mètres sans avoir trouvé
la moindre trace de charbon. Il s'associe alors avec Anton Raky,
fondateur de la société Foraky, directeur de l'Internationale
Bohrgesellschaft AG et pionnier dans les forages profonds et dans la
prospection minière et pétrolière, et fonde la Nouvelle Société de
Recherche et d'Exploitation.
Un troisième sondage est donc entrepris à As et c'est le 2 août 1901, à
541 mètres de profondeur, que le charbon est enfin découvert,
confirmant la présence du bassin houiller campinois. Une véritable
fièvre s'empare alors du secteur industriel européen et en l'espace de
3ans, 64 sondages sont réalisés pour évaluer l'étendue de la zone
exploitable.
En 1906, une concession de 2950 hectares est accordée à André Dumont et
c'est l'année suivante que celui-ci fonde la société de Charbonnages
André Dumont-sous Asch (devenue en 1920, la Société des Charbonnages
André Dumont). Dès l'année suivante, une horde
d'investisseurs arrive à As pour participer à l'aventure.
On retrouve parmi ces actionnaires :
- La société
Générale,
- l'Arbed,
- Les Forges de
Clabecq,
- Solvay,
- La banque de
Cologne,
- Les
Cristalleries du Val St Lambert,
- Evence Coppée,
- Raoul Warocqué.
Responsables
du succès des Charbonnages de Ressaix et de Mariemont-Bascoup, ces
derniers se retrouvèrent vite aux côtés d'André Dumont au sein du
conseil d'administration. C'est ainsi que l'on retrouve la signature
architecturale de ces deux sociétés au sein du siège de Waterschei dont
les vestiges actuels restent des témoins privilégiés de l'architecture
minière du bassin du Centre.
Les travaux préparatoires commencent
en 1911 mais seront interrompus par l'entrée en guerre de la Belgique
avant de reprendre progressivement. Le terrain étant marécageux, les
ingénieurs optèrent pour un fonçage en quatre étapes :
- Congélation des sols,
- Réalisation d'un cuvelage en fonte jusqu'à - 380 mètres,
- Injection de ciment à l'arrière du cuvelage,
- Construction d'un second cuvelage jusqu'à :
•1.208
mètres de profondeur pour le puits 1,
•1.088
mètres de profondeur pour le puits 2.
Les
chevalements seront construits en 1922 par la Société Anonyme de
Construction et de la Chaudronnerie d'Awans et, deux ans plus tard, la
première berline de charbon remonte à la surface. En à peine deux ans,
la production annuelle monte à 364.000 tonnes mais la mine est instable
et de nombreuses fissures et affaissements se forment au fond des
galeries, favorisant ainsi l'infiltration d'eau et de gaz. Dans le but
d'aérer les chantiers de manière optimale, une connection souterraine
est établie avec le siège d'Eisden mais l'aérage reste insuffisant et,
le 30 mars 1929, un terrible coup de grisou tue 24 mineurs ainsi que
trois sauveteurs lors d'une seconde détonation. Cette catastrophe, la
pire du bassin campinois, donna dès lors une mauvaise réputation à la
mine qui redoubla d'effort, atteignant une année de production record
en 1968 avec 1.490.000 tonnes de charbon extrait pour un total de 4.200
mineurs. Le triage lavoir de la société est modernisé et devient le
plus gros complexe du genre en Campine, pouvant traiter quotidiennement
22.000 tonnes de charbon provenant à la fois du siège de Waterschei et
du siège voisin de Winterslag. Pendant un temps, les ingénieurs de
Waterschei pensèrent que le gisement houiller se prolongeait à l'est de
la concession et un second siège d'exploitation fut envisagé. En 1967,
le charbonnage fut intégré à la Kempense Steenkolenmijnen
avec les
mines restantes du bassin. L'avenir de la société est malheureusement
remis en cause lors d'un conseil d'administration et dans les années
80, les installations sont petit à petit mises à l'arrêt jusqu'au 10
septembre 1987, date de fermeture définitive de la mine.
Le chevalement
du puits N°1 fut abattu le 19 juin 1995 et la majorité des
installations suivirent. Le chevalement du puits N°2, bien qu'amputé de
son faux carré, est toujours présent et est encore équipé de ses deux
machines d'extraction. Le bâtiments des bains-douches et des bureaux
est également préservé et abrite désormais des sociétés ainsi que des
expositions temporaires.
En 2024, le chevalement restant fut repeint en noir, un changement radical mais superbe.