Les
premières traces d'extraction dans la région d'Ensdorf sont avérées
depuis 1730. À cette époque, cette région située à la frontière du
Luxembourg est principalement agricole et ce sont les agriculteurs qui
furent les premiers à extraire le charbon qui affleure à la surface.
Petit à petit, de petites exploitations à ciel ouvert virent le jour et
à l'aube du 19ème siècle, les premières mines souterraines entrèrent en
exploitation. Très vite, les mines de Griesborn et de Schwalbach se
démarquèrent et en 1815, celles-ci furent absorbées par la
Königlich-Preußischen
Bergfiskus, un consortium gérant les mines de
charbon basées dans la partie prussienne de la Sarre. L'exportation du
minerais reste malheureusement un frein pour l'expansion de la société
et c'est en 1842 que le problème fut résolu grâce au creusement d'un
tunnel de deux kilomètres débouchant sur les rives de la Sarre, une
rivière qui donna son nom au land. L'essor de ces mines fut également
entraîné par la construction de la ligne ferroviaire reliant Sarrebruck
à Trèves, une nouvelle possibilité d'exportation qui entraîna le
fonçage de nouveaux puits dont les principaux furent :
- 1866 : Ensdorfer Schacht,
- 1867 : Ostschacht,
- 1873 : Knausholzschacht,
- 1877 : Wilhelmschacht,
- 1913 : Saarschacht.
Le
Ostschacht fut par la suite renommé en hommage au maréchal sarrois
Michel Ney et devint ainsi le Ney schacht. En 1910, l'usage du réseau
ferroviaire se démocratisa et la jonction vers la rivière fut
définitivement fermée. La production fut alors centralisée au siège
Saar, renommé pour l'occasion Duhamel (d'après Jean-Baptiste Duhamel,
directeur de l'école des mines de Geislautern).
En 1936, le siège
Knausholz est modernisé et équipé d'un nouveau chevalement. Renommé
siège Elm, il entra en production en 1941 avant de devenir l'un des
sièges d'extraction principal de la société avec ses 1.290.000 tonnes
de charbon par an pour 1.200 ouvriers. L'arrivée des alliés dans la
Sarre entraîne de nombreuses destructions et de nombreux sièges furent
mis à l'arrêt avant de redémarrer en 1946. Ces mines furent rassemblées
en 1957 sous le nom de Bergwerk
Ensdorf et, peu à peu, les sièges les
moins rentables furent fermés. Il ne subsiste en 1970 que les sièges
Duhamel, Ney, Elm et Dilsburg, une ancienne mine à flanc de coteau
modernisée après la guerre. L'exploitation principale est alors située
à 608 mètres de profondeur et elle possède des veines d'une puissance
de trois mètres en moyenne. Pour faciliter le transport du charbon dans
la partie nord de la concession, un tunnel incliné de 3.500 mètres de
long fut creusé. Nommé Barbara Stollen, ce tunnel a un dénivelé de 610
mètres et permet de convoyer 1.400 tonnes de minerais à l'heure. En
1981 fut foncé le Nordschacht, un puits de 1.751 mètres de profondeur,
devenu le puits le plus profond du bassin. Doté de 24 étages, ce puits
titanesque était équipé d'une double cage à quatre étages pouvant
transporter 160 mineurs à la fois. En outre, le Nordschacht était
également équipé de la machine d'extraction triphasée la plus puissante
du monde.
En 2004, suite à la reprise du bassin par la RAG
Deutsche Steinkohle, la Bergwerk Ensdorf fusionne avec la Bergwerk
Warndt / Luisenthal et devient ainsi la Bergwerk Saar,
une nouvelle
société possédant deux sites de production. Cependant, Warndt /
Luisenthal ferme ses portes en juin 2005 et son personnel est transféré
en grande partie à Duhamel. Avec près de 4.000 employés, la Bergwerk
Saar réalise en 2006 un chiffre d'affaire de 517 millions d'euros pour
un cumul de 3,5millions de tonnes de charbon.
Le 23 février
2008, un tremblement de terre d'une magnitude de 4 sur l'échelle de
Richter secoue la région d'Ensdorf. Liée à l'industrie minière, cette
secousse trouve son origine dans les profondeurs du siège Primsmulde,
un puits d'aérage de 1.400 mètres de profondeur lié aux anciens
chantiers de Schwalbach. Suite à cet
évènement, le gouvernement du land ordonna à la RAG Deutsche Steinkohle
de fermer la Bergwerk Saar et de réaliser des travaux de stabilisations
en profondeur. Suite à cette décision, près de 3.600 employés furent
licenciés et, après un conseil extraordinaire qui eu lieu en mars
2008, il fut décidé de mettre définitivement fin à la société en juin
2012.