Au
19ème siècle, l'industrie lainière de la région verviétoise, bien que
particulièrement florissante, possède un important talon d'achille. En
effet, ses eaux de traitement sont alors massivement utilisées en amont
par l'industrie lainière d'Eupen, alors sous contrôle prussien, ce qui
produit une forte baisse de qualité et d'approvisionnement. Pour
favoriser Verviers, il fut décidé de bâtir un grand barrage de retenue
à Jalhay : le barrage
de la Gileppe.
La construction de ce dernier fut déléguée à l'ingénieur liégeois
Eugène Bidaut et fut inauguré le 28 juillet 1878 par le roi Léopold II.
En outre, il fut décidé d'ériger au sommet du barrage un lion
monumental de 13,5 mètres de haut pour 300 tonnes. Son regard, tourné
vers l'est, fixe et surveille la frontière prussienne située à moins de
cinq kilomètres de là tout en asseyant la neutralité de la Belgique.
Alimenté
par la rivière de la Gileppe et par son affluent, le Louba, le lac
possède à cette époque une capacité de 12 millions de mètres cubes pour
une surface de 86 hectares. Le barrage de la Gileppe est de type poids,
c'est-à-dire qu'il utilise uniquement le poids de sa structure pour
retenir la pression horizontale exercée par l'eau. En 1921, une
sécheresse inhabituelle pousse les administrateurs du barrage à porter
la contenance de son réservoir à plus de 25 millions de mètres cubes
pour une superficie de 130 hectares. Un nouvel apport en eau est alors
mis à l'étude pour approvisionner le lac et au début des années
cinquante, un tunnel de 2,5 kilomètres est mis en chantier entre la
Soor et le lac de la Gileppe. Le 8 juillet 1952, lors du creusement de
ce tunnel, une brutale montée des eaux causée par un orage causa la
mort de huit ouvriers qui périrent engloutis sous un débit de 70 mètres
cubes par seconde. Entre 1967 et 1971, le barrage fut rehaussé de 10
mètres et une petite centrale Hydro-électrique fut inaugurée à la base
de l'ouvrage. Cette dernière possède deux turbines de 430 CV alimentant
chacune un alternateur et fonctionne grâce à la récupération de
l'énergie d'une chute d'eau de 43 mètres possédant un débit moyen de
76.300 mètres cubes par jour, ce qui permet un potentiel hydraulique
annuel de 3.300.000 Kilowatt-heure. L'eau du lac étant potable, un
réseau de distribution fut créé à la demande de la population.
Cependant, les canalisations en plomb et l'acidité de l'eau causèrent
d'importants problèmes de saturnisme qui ne furent totalement résolus
qu'après la construction de la station de traitement de Stembert, en
avril 1992. Le barrage de la Gileppe est actuellement géré par le Service Public de Wallonie
et fait partie du District des barrages de l'est avec les barrages
d'Eupen et de Nisramont.