Au
début du 20ème siècle, le développement de l'industrie sidérurgique
dans le bassin liégeois amène la Société des Aciéries d'Angleur à
exploiter une partie du riche gisement ferreux de Lorraine. Après une
vague de sondage, cette dernière décide d'investir dans la concession
d'Audun le Tiche et c'est entre 1901 et 1902 que les deux premiers
sièges sont construits sous la supervision de la Société Minière des Terres
Rouges :
- le puits de Pfeffenbreck,
- le puits St Michel.
L'exploitation
de la mine St Michel prend rapidement de l'importance et, outre les
usines d'Angleur, cette prospérité nourrit également les aciéries
d'Esch-sur-Alzette et d'Audun le Tiche. La production est à l'époque
exportée par charrette, ce qui entraîne la construction d'une grande
écurie à proximité de la mine.
La première guerre mondiale met
cependant un frein à l'expansion de la mine qui compte à présent trois
puits. Le personnel étant presque intégralement mobilisé, les chantiers
sont peu à peu stoppés et les stocks présents sur le carreau sont
rapidement spoliés par les allemands. La paix revenue, St Michel est
modernisé et plusieurs nouveaux bâtiments y sont construits comme une
lampisterie, des bains-douches, des bureaux et un centre
d'apprentissage. L'exploitation revient alors à la normale avant de
chuter à nouveau durant la crise des années trente. C'est durant cette
décennie, en 1937, que la mine ainsi que toutes les structures liées à
la Société Métallurgique des Terres Rouges furent absorbées par la Société des Aciéries
Réunies de Burbach-Eich-Dudelange, plus connue sous
l'acronyme ARBED.
L'entrée
en guerre de la France stoppe à nouveau la production qui redémarra
partiellement durant l'occupation, sans jamais atteindre le tonnage de
l'entre-deux-guerres. Durant cette période, le fer est extrait par des
prisonniers russes et ukrainiens qui n'ont pour la plupart aucune
qualification dans le domaine minier, ces derniers étant qui plus est
sous-alimentés et logés dans des conditions extrêmement précaires.
Soixante-neuf de ces prisonniers y laissèrent la vie. En outre, une
partie de ces prisonniers était également destiné à agrandir une partie
des chantiers afin d'y installer un atelier de montage pour des fusées
V2 ainsi qu'une rampe de lancement, une entreprise interrompue durant
l'été 1944, après l'arrivée des alliés dans la région.
Après la
fin du conflit, la direction tente péniblement de relancer la
production mais de graves problèmes d'exhaure alliés au manque de
personnel entraînent une nouvelle mise à l'arrêt de la mine. La
situation s'arrange enfin au début des années cinquante grâce notamment
à la création de la Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier qui
permet à la mine d'exporter plus facilement son minerai dans toute
l'Europe. La production retrouve son niveau d'avant guerre dès 1958 et
dans les années soixante, St Michel fusionne avec la mine de Montrouge.
La production étant désormais évacuée par plan incliné via la
concession Montrouge, St Michel ne sert plus qu'au transport du
personnel, la production continuant d'augmenter pour atteindre son
apogée, en 1976, avec 450.000 tonnes. Le choc pétrolier de 1978 plonge
cependant la société dans l'incertitude et l'arrivée sur le marché de
minerai de fer suédois, moins cher et plus riche, scelle le destin de
la mine qui ferma définitivement ses portes le 31 juillet 1997,
quelques semaines après la fermeture des hauts fourneaux de Belval.