Durant
les dernières années du 19ème siècle, l'industrialisation croissante de
la Sarre et de la Lorraine allemande pousse les industriels à
prospecter dans les régions frontalières du Luxembourg en vue de
découvrir de nouveaux gisements de minerais ferreux. Ces différentes
recherches mènent à la découverte d'importantes couches exploitables à
Aumetz et c'est en 1897 qu'un puits d'extraction fut fonçé par la Lothringer Hüttenverein
Aumetz-Friede,
la future production étant destinée à alimenter les cinq
hauts-fourneaux de Kneutingen. La première berline remonte au jour en
1900 et en l'espace de quelques années, la production passe de 50.000 à
plus de 600.000 tonnes pour un cumul de 800 ouvriers. Deux machines
d'extraction à vapeur équipent alors le chevalement, le minerai étant
quant à lui stocké dans des silos d'une capacité de 5.800 tonnes chacun
en attendant de rejoindre les usines de Kneutingen via un téléphérique
aérien de onze kilomètres de long. Après la première guerre mondiale,
la Lorraine revient à la France et la société minière est placée sous
séquestre avant d'être reprise par la Société Métallurgique de
Knutange
qui modernisent considérablement ses installations. C'est à cette
époque que l'utilisation de l'air comprimé se généralise dans les
chantiers, ce qui permet à la production d'augmenter encore pour
atteindre les 800.000 tonnes de minerai en 1938.
Deux couches sont exploitées à Aumetz :
- la couche grise : minerai de fer calcaire
- la couche brune : minerai de fer silicieux
L'entrée
en guerre de la France en 1940 pousse la direction à dynamiter le
chevalement et les machines d'extractions afin que ces derniers ne
tombent pas entre les mains de l'ennemi. Le siège sera néanmoins saisi
par l'occupant avant d'être remis en exploitation moins de deux ans
plus tard grâce à l'érection d'un nouveau chevalement équipé d'une
machine d'extraction récupérée à la mine de Boulange. De nombreux
prisonniers russes furent contraint de travailler dans les chantiers
d'Aumetz dont la production est désormais exclusivement destinée à
l'Allemagne. Une fois la paix revenue, les installations sont à nouveau
modernisées, les chantiers étant désormais lourdement mécanisés ce qui
nécessita la création d'un corps de mécaniciens spécialisés assurant
l'entretien des machines du fond. Cette modernité mène rapidement à un
accroissement significatif de la production qui atteint son apogée en
1960 avec un cumul de 1.050.000 tonnes de minerai pour un effectif d'à
peine 350 ouvriers. En 1965, la machine d'extraction installée en 1942
est remplacée par la machine actuelle qui fut récupérée à la mine de
fer de Chazé-Henry, dans le pays de la Loire. En 1966, Aumetz fusionne
avec la mine de Boulange, anciennement "grube Reichsland", et change
dès lors de nom pour devenir la mine de Bassompierre.
Elle intègrera le groupe Wendel-Sidelor en 1968 avant de fusionner, en
1970, avec la mine de la Paix, située à Knutange, pour former la mine de Bassompierre-La Paix.
Cette nouvelle structure fut par la suite rattachée à la Société des
mines de Sacilor - Lormines, un regroupement constitué pour reprendre
les concessions et amodiations de mines de fer de Lorraine. Le
30
septembre 1969, la mine de Boulange est définitivement mise à l'arrêt.
En 1970, Aumetz devient une "mine pilote" et se voit dès lors équipée
de nouveaux équipements novateurs comme le "mineur continu", une
gigantesque machine de 65 tonnes permettant à la fois de gratter
l'intégralité de la couche et de charger les camions via un convoyeur.
Peu robuste et atteint de nombreuses pannes, cette installation fut
cependant abandonnée dès la fin des années 70 au profit du nitrate-fuel
et des chargeuses-transporteuses. Le déclin de la sidérurgie européenne
couplé à l'importation de minerai de fer suédois met cependant à mal la
société qui décline rapidement pour finalement fermer ses portes en
1983, le personnel étant quant à lui transféré dans les mines de Mairy
et d'Hayange. En 1987, le siège d'Aumetz est cédé pour le franc
symbolique à l'Association Mémoire ouvrière des mines de fer de
Lorraine (Amomferlor) qui rénova le site dans un cadre muséal. Le site
est aujourd'hui classé et fait partie des vestiges industriels majeurs
du bassin ferrifère de Lorraine.