Bien
qu'un petit gisement de tuffeau ait été exploité dans le Brabant
Wallon, l'essentiel de sa concentration se trouve dans la région nord
de la province de Liège, à cheval sur la frontière hollandaise. Cette
pierre tendre trouve son origine dans une couche sédimentaire remontant
à une période allant de 72 à 66 millions d'années, dans la période
géologique du Crétacé. On nomme cette couche le "Maastrichtien".
Majoritairement
situées dans la périphérie de la montagne St Pierre, ces carrières sont
exploitées depuis le 14ème siècle pour l'excellente qualité de sa
pierre à bâtir mais, outre le tuffeau, on y trouve également de la
craie, de la marne, du phosphate et de grandes quantités de silex dont
les premières exploitations remonteraient à l'âge du bronze. D'abord
creusées en surface, les carrières deviendront progressivement
souterraines et en l'espace de deux siècles, près de 200 exploitations
virent le jour. Le développement de ces carrières est exponentiel et au
cours des siècles, leurs réseaux atteignent des dimensions comprises
entre quelques dizaines de mètres à plusieurs dizaines de kilomètres,
faisant d'eux, encore aujourd'hui, les plus grands ensembles
souterrains du pays.
Les principaux réseaux hollandais de ce vaste ensemble sont ceux-ci :
- réseau Nord,
- réseau Zonneberg,
- réseau Slavante,
- réseau Sud.
Ce dernier communique avec la Belgique dont les exploitations majeures
sont :
- Caestert,
- Ternaaien Boven
(Lanaye intermédiaire),
- Ternaaien Beneden
(Lanaye inférieure).
En
1766, des ouvriers découvrent dans l'une de ces carrières un crâne de
saurien de taille gigantesque. Remis à un érudit local, le "grand
animal de Maastricht" intéresse alors fortement Barthélémi Faujas de
Saint-Fond, alors commissaire de la République Française. Lors du siège
de Maastricht, en 1794, celui-ci organisa le rapt des ossements avant
de les ramener à Paris où ils sont aujourd'hui considérés comme
"héritage national". Ce dinosaure, premier de son espèce jamais
découvert, fut nommé mosasaurus (lézard de Meuse). À
partir du 19ème siècle, l'utilisation de la brique supplante petit à
petit la pierre à bâtir et entraîne l'abandon progressif des carrières
dont la dernière ferma ses portes en 1920. Dotés d'une température
constante et d'un niveau hygrométrique idéal, ces immenses vides de
carrières furent par la suite réutilisés pour la culture des
champignons, une activité qui subsiste encore de nos jours dans de
petites sections.
Aujourd'hui, le gisement est exploité à ciel
ouvert par l'immense cimenterie ENCI installée
en lieu et place de
l'ancien réseau Slavante, le ciment étant devenu avec le temps la
principale production industrielle de la montagne..