C'est au cours du 19ème siècle
que les affleurements de minerai de fer situés au nord de la sierra
Alhamilla commencent à attirer l'attention des prospecteurs. Cependant,
le gisement est très difficilement exploitable sans la création de
lourdes infrastructures ferroviaires. Le britannique Hermann Borner
lance rapidement une étude de faisabilité dans les environs de Lucainena de las Torres mais c'est finalement D. Juan
Alonso Allende,
directeur de la compañía minera de Setares, qui obtient les droits
d'exploitation. En 1893, ce dernier s'associe avec Otto Kreizner et
Losser, deux marchands allemands qui permirent à la mine de Lucainena
de se faire une place sur le marché d'outre-Rhin. Par manque de
financement, les différents protagonistes alliés à Hermann Borner
finirent par se regrouper à Bilbao afin de créer la Compañía Minera de la
Sierra Alhamilla.
De 1893 à 1895, une importante voie
ferrée voit le jour entre Lucainena de las Torres et la baie d'Agua
Amarga où un quai de chargement a été construit en pleine mer, les
différents sites d'exploitation étant quant à eux reliés par un plan
incliné de 600 mètres permettant ainsi une connexion entre la gare et
les mines situées dans la partie supérieure de la montagne. C'est
finalement en 1896 que le premier navire fut chargé en minerai. L'oxyde
de fer étant d'une grande pureté, ce dernier ne nécessite aucun
traitement et est exporté tel quel vers l'Allemagne. Hélas,
l'approfondissement des chantiers mettent au jour un gisement nettement
moins pur, ce qui obligea la direction à investir dans la création de
fours à calcination afin d'obtenir la qualité exigée par la sidérurgie.
Entre 1900 et 1901, huit fours furent érigés aux pieds de sierra
Alhamilla. Le minerai était alors trié manuellement avant d'être chargé
dans des wagons de chargement latéral qui l'emmenait au sommet des
fours auxquels on accédait via différentes plateformes. Chaque four
avait une hauteur de 20 mètres et permettait une production quotidienne
de 50 tonnes de minerai calciné. L'exploitation minière prend de
l'importance jusqu'au début des années vingt où la concurrence des
minerais nord-africains commencent à nuire sérieusement à la pérennité
de l'entreprise. Au début des années 30, la crise sidérurgique
européenne et l'arrêt des contrats avec l'Allemagne obligent la société
à stopper momentanément les extractions qui ne reprirent sporadiquement
qu'après la guerre civile. Devenue économiquement non viable, la mine
de fer de Lucainena de las Torres ferme
définitivement ses portes en
1942.
Après le démantèlement des structures métalliques, le siège fut
laissé à l'état d'abandon jusqu'en 2010 où Dº Juan Herrera Segura,
maire de la localité, et Dª Águeda Cayuela Fernández, président de
l'Association des municipalités pour le développement des peuples de
l'intérieur, inaugurent un vaste projet de rénovation des fours qui
s'acheva par la mise en place d'un point de vue panoramique au sommet
de l'un d'eux. Accessibles grauitement, les fours à calcination de Lucainena de las Torres sont
depuis devenus une attraction touristique majeure du parc naturel de
Cabo de Gata-Níjar et un point de passage incontournable pour les
amateurs de patrimoine industriel.