Durant
la seconde moitié du 11ème siècle, les sieurs Rodolphe, Félicien et
Lambert, tous trois originaires de Hesbaye, construisirent un petit
oratoire en bord de Meuse à l'emplacement actuel de Flône. Avec les
années, l'édifice prend de l'ampleur et devient un prieuré puis une
abbaye. En 1189, les chanoines qui occupaient les lieux entreprirent
une vague de prospection sur leurs terres et découvrirent de vastes
gisements de galène, de houille, de schistes alumineux ainsi que de
minerai de fer à faible profondeur. Petit à petit, les occupants de
l'abbaye de Flône se spécialisèrent dans la métallurgie et, au 14ème
siècle, la zone toute entière est en pleine effervescence industrielle.
Cet incroyable essor se poursuivit jusqu'à la révolution française où
l'abbaye fut supprimée. Le dernier abbé, Joseph Paquô, devient alors le
Conseiller général du nouveau Département de l’Ourthe et obtient en
1795 les concessions minières environnantes ainsi que les abbayes
nationalisées de Flône et du Val St Lambert. En 1806, le neveu de
l'ancien abbé, Joseph-Théodore-François Paquô, obtient en héritage le
domaine entourant l'abbaye de Flône ainsi que les fermes de la Kérité
et de Richemont. Ce dernier devient par la suite maire de la localité
avant d'obtenir une série de concession couvrant les anciennes communes
de Amay, Flône, Saint-Georges, Hermalle-sous-Huy et Ehein. À la mort
de Joseph-Théodore-François
Paquô,
Agnès-Théodore-Emerence, sa veuve, hérite de tous les terrains et c'est
après s'être remariée avec Louis Bronne, en 1844, que ces derniers
décidèrent de créer la Société
Anonyme de la Grande Montagne.
Plusieurs
nouveaux sondages confirment d'importantes veines de charbon sur les
hauteurs de l'abbaye mais également de nouveaux gisements de zinc. Ces
recherches n'entraîneront hélas que quelques excavations minérales
mineures et sept ans à peine après sa création, l'entreprise tombe en
faillite. En 1852, la Société
des mines et fonderies de zinc de la Vieille-Montagne
s'associe avec la Société des Mines et Fonderies de Zinc de la Meuse
pour racheter les parts de la Grande Montagne. Désormais propriétaire
de la majorité des actions, la Vieille Montagne entreprend rapidement
des travaux dans la partie houillère de la concession et en quelques
années, plusieurs puits sont foncés :
- le puits Ste Emerence,
- le puits Théodore,
- le puits de L'abbé Paquô,
- le puits Ste Anne,
- le puits Richemont.
La
puissance des veines de charbon varie de quelques millimètres à
plusieurs dizaines de centimètres mais est rarement constante. Trois
veines ont été exploitées. La veine N°4 (veine au grès), d'une
puissance de 30cm, la veine N°13 (veine Grande Jawoine), d'une
puissance comprise entre 40 et 80cm ainsi que la veine N°15 (veine
Toutes Cô), d'une puissance de 30cm. Les différentes couches étaient
disposées en dressant et ont toutes été exploitées par tailles
montantes. Le charbon était évacué des chantiers grâce à des traîneaux
jusqu'à la voie de roulage principale qui était quant à elle équipée de
berlines. Entre 1853 et 1867, près de 100.000 tonnes de charbon furent
remontées à la surface.
L'eau étant malheureusement très présente dans les chantiers, trois
galeries d'exhaures furent creusées :
- le grand aqueduc de Flône,
- la grande galerie,
- la galerie de Warfusée.
Sur
les cartes de l'époque, on retrouve également d'importants remblais de
schiste alunifère , plusieurs fours à chaux ainsi qu'une
fonderie à zinc employant près de 200 personnes. En 1864, 14 fours de
grillage furent ajoutés à l'usine et complétés par la suite avec un
système de filtration à schiste brulé, un procédé ayant fait ses
preuves dans les usines de Louis de Laminne à Ampsin et qui permettait
entre autres de récupérer de l'oxyde de zinc présent dans les fumées.
Cependant, étant reconnu insuffisant, ce système fut équipé d'une
grande cheminée débouchant sur la crête de la falaise située à
l'arrière du site. À l'aube du 20ème siècle, l'usine à zinc
comptabilise 40 fours à 108 creusets chacun. Peu rentables, les mines
de houille de Flône fermèrent toutes entre 1904 et 1907, les mineurs
étant transférés dans une nouvelle usine destinée à la fabrication de
produits réfractaires. Dans les années 70, la Vieille Montagne se
retrouve à la pointe de l'industrie plombo zincifère grâce notamment à
son usine de Balen. Cependant, suite à la crise pétrolière, la société
accuse des pertes estimées à plus d'1,3 milliards de francs belges, ce
qui sera malheureusement fatal à de nombreuses installations annexes de
la Vieille Montagne dont l'usine à zinc de Flône qui ferma ses portes
en septembre 1980.
Aujourd'hui, la très grande majorité des
vestiges de la société sont démolis à l'exception d'une petite partie
de l'usine à zinc qui fut réutilisée par la S.A. des Carrières et Fours
à chaux Dumont-Wautier, une société intégrée depuis au groupe mondial
Lhoist.