Le
développement exponentiel de l'agriculture au 19ème siècle entraîna la
recherche d'un substitut aux engrais naturels. À cette époque, la
meilleure alternative est le phosphate minéral tiré d'os calcinés mais
sa fabrication nécessite alors un lourd traitement chimique permettant
de transformer ces ossements en acide phosphorique directement
assimilable par les cultures. En 1858, après la découverte d'un
important gisement de phosphate de chaux à Cuesmes, de
nombreux
sondages furent réalisés avec succès au sud du bassin borain et, dans
un premier temps, seules les zones les plus riches situées à Mesvin et
sur le plateau de la Malogne furent exploitées. Le phosphate est alors
essentiellement constituée de galets, de graviers et de sables, ces
derniers étant issus d'un enrichissement naturel par dissolution de
gangues carbonatées. Le minerai récolté titre alors jusqu'à 35%
d'oxyde de phosphore (P2O5). Par la suite, de nombreuses zones moins
riches furent exploitées dont une grande partie située dans
les
environs du village de Ciply. D'une teneur évaluée entre 8 et 10%, le
phosphate de Ciply fut extrait à la fois souterrainement, en chambres
et piliers, et en carrières à ciel ouvert.
Dans le secteur
méridional, comprenant Cuesmes, Mesvin et Ciply, la
craie phosphatée est brune et se subdivise en trois niveaux:
- Un niveau
supérieur
sans silex présentant dans sa partie supérieure une craie pauvre en
phosphate sur plusieurs mètres et sur sa partie inférieure une craie
riche et homogène traversée par trois banc de silex distinctifs.
- Un niveau
intermédiaire riche en silex ainsi qu'en phosphate dans sa
partie supérieure mais pauvre dans sa partie inférieure.
- Un niveau
inférieur
pauvre en phosphate et présentant sur sa partie basse un passage
progressif vers la craie blanche de Spiennes.
Dans le secteur
oriental, comprenant Saint-Symphorien
et Havré,
le craie phosphatée passe latéralement du brun au gris et se subdivise
également en trois niveaux :
- Un niveau
supérieur
riche en phosphate et pauvre en silex.
- Un niveau
intermédiaire pauvre en phosphate
et comprenant trois veines de silex.
- Un niveau
inférieur
ne comptant que quelques traces de phosphate et riche en silex, on
distingue là aussi un passage progressif vers la craie blanche de
Spiennes.
Un troisième secteur, celui de Nouvelles et
Spiennes,
ne possède pratiquement aucune donnée historique mais serait constitué
d'une couche pauvre en surface devenant progressivement riche à très
riche en profondeur.
En se basant sur l'ensemble des données
d'affleurement et de sondages, la totalité du minerai exploitable dans
le bassin est évalué à 850millions de tonnes dont 45 millions de tonnes
situés dans des zones non exploitées. Outre les exploitations, il
existait dans le bassin de nombreuses usines de traitements dont la
plus importante était située à St Symphorien. Elle permettait, grâce à
une technique gravimétrique par voie humide, de produire
quotidiennement 200 tonnes de phosphate enrichi à des teneurs variant
de 18 à 24% d'oxyde de phosphore. À Ciply, de très nombreuses
exploitations virent le jour mais les données les conçernants sont
relativement inexistantes ou incomplètes, on retrouve néanmoins
quelques détails sur celles-ci dont voici une
liste non exhaustive :
- Carrière Van
Damme,
- Carrière Vienne,
- Carrière du
Belian,
- Carrière Liénart,
- Carrière Bernard,
- Carrière Rustin.
Bien
que deux puits y furent foncés, cette dernière ne fut jamais exploitée
souterrainement. Néanmoins, on retrouve les traces d'une important
exploitation en surface, le phosphate étant enrichi dans des bassins de
décantation à l'usine de traitement toute proche. La carrière Bernard,
exploitée en chambres et piliers, est quant à elle restée célèbre suite
à la découverte d'une sous espèce de mosasaure nommée d'après son lieu
de découverte " Hainosaure Bernardi ". Quant à la carrière Vienne, elle
fut exploitée sous différents noms au fil des époques. La fin de son
exploitation souterraine permit à l'exploitation à ciel ouvert de la
famille Liénart de prospérer en grignotant progressivement les
anciennes chambres.
Ces exploitations fonctionnèrent jusqu'à la
fin de la seconde guerre mondiale mais suite à l'importation de
phosphates d'Afrique du Nord et à l'avènement des engrais chimiques,
l'intégralité du bassin fut fermé en 1950. Certaines chambres
souterraines furent reconverties par la suite en champignonnières,
comme dans la carrière Vienne où l'on retrouve des traces typiques. En
outre, la majorité des sites souterrains sont dorénavant classés en
réserves chiroptérologiques.