Après
la reprise du bassin potassique par l'Allemagne, la Deutsche Kaliwerke
décide de céder ses concessions en trois groupes distincts. L'intérêt
non négligeable de ces concessions pousse le consortium Wintershall à
acquérir l'une d'elle dans l'espoir d'étendre son influence à l'ouest.
Wintershall est déjà un immense groupe industriel. Basée à Kassel,
cette société étend ses bras du nord du Harz jusque dans la Werra où
elle est basée depuis la seconde moitié du 19ème siècle. Financé en
partie par le banquier berlinois Wilhelm Laupenmühlen, Wintershall
achète la concession de Théodore et Prince Eugène à Wittenheim pour
huit millions de Marks. Le groupe
Wintershall-Laupenmühlen débute le
fonçage des puits Théodore et Eugène en 1911 et, dès 1912, le gisement
de potasse est atteint. Les deux puits servent à l'extraction et sont
équipés de machines à vapeur mais elle sont remplacées en 1915 par des
machines à poulie Koëpe de 390 KW.
Lors du conflit mondial, des
centaines de prisonniers de guerre sont enrôlés dans les mines
alsacienne, la potasse participant grandement à l'effort de guerre,
notamment dans la fabrication d'explosifs. C'est dans ce contexte qu'un
effondrement majeur se produit au siège Théodore-Eugène en 1916
entraînant la
mort de cinq mineurs dont un adolescent de quatorze ans. Les deux puits
du siège fonctionnèrent sans interruption durant toute la durée de la
guerre. Après l'armistice et le retour du territoire alsacien en
France, les anciennes concessions de la Deutsche Kaliwerke sont
reprises par l'État français et placées sous séquestre. Le siège
Théodore-Eugène est alors modernisé et se voit
doté d'une centrale électrique
ainsi que d'une nouvelle chaufferie, de nouveaux locaux administratifs
de garages et d'un nouveau magasin. Les machines d'extraction sont,
quant à elles, remplacées par des machine Alstom de 825 KW.
Le
siège sera repris par les Mines
de Potasse d'Alsace en 1924 mais la
crise économique des années trente va durement toucher le bassin
potassique qui verra sa production considérablement ralentie, le
chômage économique devenant une réalité pour une grande partie des
mineurs. En 1940, les allemands entre à Mulhouse et les mines sont
alors mises sous tutelle par la section économique et financière de
l'administration civile allemande. Début 1942, celles-ci seront placées
sous le contrôle de la Preussag AG par un contrat d'amodiation
renouvelable de cinq ans. La Preussag sous-amodie à son tour les sièges
alsaciens à la société Elsässiche
Kaliwerke GmbH, une entité créée à
l'occasion.
Le bassin ne sera libéré qu'en novembre 1944 et deux
mois plus tard, l'entièreté de l'Alsace fut à nouveau
contrôlée
par la France. L'entreprise passe alors entre les mains des Mines Domaniales de Potasse
d'Alsace. Durant
les années cinquante, de nouvelles méthodes
d'exploitations sont expérimentées, les chantiers du siège Théodore-Eugène
sont dès lors modernisé et équipés de haveuses et de soutènements
marchants hydrauliques. En 1958, le chevalement du puits Théodore sera
remplacé par l'actuel, sa machine d'extraction se verra doter d'un
second moteur de 825KW pour l'occasion. Dès lors, le puits Eugène ne
servira plus qu'à l'aérage des travaux. En 1960, la première grande
usine de traitement du minerais par flottation est inaugurée sur le
site. D'une capacité de 1.600 tonnes par jour, cette usine est
considérée comme une des plus performante de son temps.
Malheureusement, le gisement s'amenuise dès les années 70 et les
coûts de production deviennent exorbitants.
Le siège Théodore-Eugène
est régulièrement mis à l'arrêt mais c'est finalement le 14 février
1986 que le siège ferme officiellement ses portes après avoir extrait
67.74 millions de tonnes de potasse. Le chevalement du puits
Eugène est abattu en 1992 mais celui du Théodore fait rapidement
l'objet d'une demande de sauvegarde par une association locale. il sera
classé monument historique en 1995 et repeint en bleu pour l'occasion.
Le bâtiment de la recette sera quant à lui abattu, la plupart des
bâtiments du siège étant quant à eux réhabilités par la K+S KALI
Wittenheim S.A.S, une filiale de la K+S, qui
continua dès lors à
utiliser l'usine de traitement pour la fabrication de granulés de
chlorure de potassium. Les mines alsaciennes étant toutes fermées
depuis l'incident de Joseph Else, le sel brut est importé d'Allemagne
et notamment du siège Zielitz, une des plus grandes mines de la K+S.