Comme pour la majorité des zones
d'exploitation de la ceinture de pyrite ibérique, il existe à cet
endroit de nombreuses traces d'extraction datant de la période romaine
mais des études contemporaines sur les terrils antiques ont indiqué que
c'était surtout l'argent qui était produit à cette époque. Peu
exploitées durant le califat de Cordoue, les mines tombent peu à peu
dans l'oubli avant d'être à nouveau prospectées au 19ème siècle par
l'ingénieur français Ernest Deligny qui visita la région en 1853, sous
l'impulsion du marquis de Decazes. Deligny découvre rapidement un filon
prometteur qu'il nommera "San Telmo", en hommage au saint patron de la
région. Après avoir racheté la concession aux mines de Tharsis, il
entreprend dans les années suivante un vaste plan d'extraction à ciel
ouvert en partenariat avec la famille Ybarra qui confia l'exploitation
à la Sociedad
Anónima Minera La Hispalense qui loua à son tour la zone
à la Bede Metal
Company. Cette dernière débuta les travaux en 1877 dans
les massifs de San Germán et Cruzadillo puis au début du 20ème siècle
dans le massif de Santa Barbara.
San Telmo devient vite l'une des principales exploitations de pyrite
ferro-cuivreuse de la province et pour évacuer le minerai, un chemin de
fer à voie étroite fut construit entre la mine et la gare de
Valdelamusa d'où ce dernier pouvait atteindre le port de Huelva via la
ligne Zafra-Huelva. San Telmo possédait alors huit locomotives à vapeur
et quatre locomotives diesel. Pour loger les ouvriers, une ville
minière nommée également San Telmo vu le jour à proximité des
installations. Hélas, le faible prix du cuivre sur les marchés
internationaux entraîne l'abandon de la concession dès 1920 ainsi que
la faillite de la société. En 1927, la mine est louée à Arrendatarios
de San Telmo, Ltd., une société anglaise qui installa un
lavoir à
flottation pour traiter le minerai de San Telmo. Hélas, le succès de
l'entreprise n'est pas au rendez-vous et la dépression mondiale de 1929
enterre définitivment les espoirs de la société.
L'arrêt de la production à cet endroit et dans une grande partie de la
ceinture entraîne cependant une pénurie de minerais qui motive de
nouvelles sociétés à investir dans les anciennes exploitations. C'est
ainsi que, dans les années 40, la mine fut rachetée par la société San
Telmo Ibérica Minera qui réactiva les extractions en 1948.
Un an plus
tard, une nouvelle usine de flottation permettant une production de 250
tonnes par jour est construite à la place de l'ancienne. En 1954 est
foncé le puits Don Alfonso afin d'explorer les gisements
profonds et de maximiser l'exhaure. Toutefois, la société se concentra
principalement sur la Corta Santa Barbara qui atteindra les 180 mètres
de profondeur dès les années 70 jusque dans les années 80 où les prix
du cuivre chutent à nouveau dangereusement. En 1986, la mine à ciel
ouvert est mise sous cocon avant d'être définitivement abandonnée en
1992. L'éventuelle réactivation du gisement est malgré tout à l'étude
par la
société Tharsis
Mining & Metallurgy mais le site est toujours à
l'abandon en 2024 malgré l'installation d'un chemin de randonnée.
Reportage sur les installations de surface du puits San Alfonso ainsi que sur la Corta Santa Barbara.
Copyright (c) / Photos by Nicolas
Elias, Xavier Fer & Laura Dambremont