C'est
le 3 octobre 1889 que l'histoire de la société débute avec la fondation
de l'Aktiengesellschaft
für Bergbau und Tiefbohrung dont l'un des
fondateurs était Guido Henckel von Donnersmarck, un grand exploitant
minier silésien. Cette société faisant suite à la découverte, en 1883,
d'immenses dômes de sel dans la province prussienne de Hanovre, en
Basse-Saxe.
Dans les années suivantes, la société effectua des
sondages dans toute la région avant de tomber en 1892 sur une couche de
potasse Sylvinite près d'Hildesheim, la zone salifère était si
importante qu'elle fut baptisée "Kalirevier". Très vite, le fonçage du
premier puits débuta et en l'espace de sept ans, la fosse fut
opérationnelle. Le siège social fut transféré à Bad Salzdetfurth et la
société changea alors de nom pour devenir la Kaliwerk Salzdetfurth AG.
À
la même époque, de nombreuses sociétés salifères furent fondées dont
Wintershall AG dans la Werra et Burbach Kaliwerk AG à Walbeck. Ces
trois sociétés étendirent rapidement leur position sur le marché et à
la fin du 19ème siècle, elles se réunirent au sein du Kalisyndicat, un
groupement qui emmena l'état allemand au premier rang de l'extraction
potassique mondial jusqu'à sa fin en 1898. En incluant davantage de
sociétés minières, dont les mines d'Alsace et de Lorraine, il a
continué à assurer sa position dominante . À partir de 1901,
la Kaliwerk Salzdetfurt AG exploita sa propre usine de traitement et
s'agrandit en
reprenant les concessions de la région. Pendant la première guerre
mondiale, les producteurs de potasse ont été inclus dans l'économie de
guerre, la production étant alors écoulée dans l'industrie agricole
ainsi que dans l'élaboration d'explosifs grâce au chlorure de
potassium. Cette demande accrue de l'Etat permit à l'industrie
potassique de subsister, la pénurie de personnel étant alors compensée
par le recours au travail forcé.
Après le conflit, l'Allemagne
cède ses zones minières d'Alsace et de Lorraine mais elle ne perd pas
son monopole de production, la partie française ne comptant que pour 3%
de la production totale de potasse nationale. Cependant, dès 1920, la
concurrence internationale fit perdre une part de marché à l'Allemagne
qui continua malgré tout à extraire plus de 70% de la production
mondiale. Durant la crise économique, la Deutsche Bank , la Commerzbank
, la Dresdner Bank et la Deutsche Solvay- Werke rejoignirent la société
en tant qu'actionnaires principaux de plusieurs sociétés potassiques et
c'est ainsi que l'Alkali Werke Westeregeln AG, la Kaliwerk
Aschersleben AG et la Salzdetfurth AG se groupèrent sous le nom de
Salzdetfurth-Aschersleben-Westeregeln,
la Salzdetfurth Ag prenant la
tête de ce groupement avec 40% du capital.
Ensemble, ces trois
sociétés représentaient environ 20% de la production allemande. Au sein
de l'Alkali
Werke Westeregeln AG, une importante mine de potasse commence à avoir
de l'influence : la Kaliwerk Sigmundshall. Active depuis 1898,
elle est située sur un dôme de sel plongeant à douze kilomètres de
profondeur. Sa production est alors utilisée dans la fabrication
d'engrais contenant du potassium et du magnésium ainsi que du chlorure
de potassium utilisé pour l'électrolyse.
La mine de Sigmundshall a la particularité d'être hélicoîdale, c'est à
dire que les chantiers de productions sont enroulés autour du puits qui
sert d'axe principal à la mine, un peu à la manière d'un brin d'ADN. En
1926, pour contrecarrer le monopole de Wintershall AG, le groupe de
Salzdetfurth fusionna avec la Burbach Kaliwerk AG ainsi qu'avec la
Kali-Chemie AG et la Deutsche Solvay-Werke sous le nom de Kaliblock.
Ensemble, ces sociétés ont atteint une part de marché de plus de 50%.
Pendant le 3ème Reich, la demande en potasse est exponentielle et le
groupement Salzdetfurth-Aschersleben-Westeregeln fusionne
définitivement sous le nom de Salzdetfurth
AG. Son siège social est
transféré à Berlin et en 1937, 15% des parts de la société sont
revendues à la Wintershall AG. Un an plus tard, sous l'impulsion de la
Deutsche Bank, la société absorbe la Mansfeld AG, une société traitant
principalement du minerais de cuivre et d'argent ainsi que de la
lignite. Durant la seconde guerre mondiale, la
wehrmacht fait cacher des trésors culturels dans les chantiers de la
société. Devant l'avancée des alliés, une usine souterraine de
construction de blindés est créée au siège N°1, elle sera abandonnée et
réquisitionnée par les américains peu avant la fin du conflit. Après la
guerre, les usines situées dans la zone d'occupation soviétique furent
expropriées et la société perdit 60% de ses actifs. Le siège social fut
de nouveau transféré à Bad Salzdetfurth et la production reprit, les
puissances occupantes considérant l'approvisionnement en potasse comme
indispensable. La production d'avant guerre fut à nouveau atteinte en
1950 et dix ans plus tard, Salzdetfurth AG reprend la Kölner Chemischen
Fabrik Kalk, une usine chimique spécialisée dans la production
d'engrais au phosphate d'azote.
Dans les années soixante, la
concurrence mondiale continue de croître et la Salzdetfurth AG est mise
en difficulté. L'entreprise cherche alors à se rapprocher de la
Wintershall AG, repris entre-temps par BASF. Outre l'exploitation de
potasse, la société exploite depuis du pétrole brut et du gaz naturel.
La division potassique de la Wintershall
AG absorbe Salzdetfurth AG en
1971 avant de fusionner avec la nouvelle société Kali und Salz GmbH,
basée à Kassel. En 1972, cette société devient une société anonyme sous
la dénomination de Kaliwerk und Salz AG. Après la réunification de
l'Allemagne, celle-ci fusionne avec la Mitteldeutsche Kali AG et en
1994, elle devient la Kali
und Salz Beteiligungs AG, autrement nommé
K+S. En 1998, les actions de cette nouvelle société furent négociée par
la Deutsche Börse au sein du MDAX, un indice boursier allemand basé sur
les cinquante plus grandes entreprises du secteur traditionnel. Les
parts de marché de BASF furent progressivement réduites à 25% et en
1993, la K+S est désormait le seul groupe salifère et potassique
d'importance en Allemagne. À l'aube du 21ème siècle, les gains de la
société étaient de deux milliards d'euros. En 1999, Kali und Salz
Beteiligungs Ag est renommée K+S
Aktiengesellschaft tandis que sa
division logistique est renommée K+S Transport GmbH. Avec 4.5 millions
de tonnes par an, cette société représente plus du dixième de volume de
marchandises en vrac manutentionnées dans le port d'Hambourg.
En 2002, K+S et Solvay fondèrent communément l'entreprise Esco, basée à
Hanovre.
Les
parts de marchés étaient alors de 62% pour la K+S et 38% pour Solvay
mais en 2004, la K+S acquiert la totalité des actions de Solvay. Elle
fait ensuite l'acquisition de la société française de commerce de
potasses d'Alsace et en avril 2006, elle achète pour 480 millions de
dollars la Sociedad Punta de Lobos SA, la plus grande société salifère
sud américaine. Depuis le 22septembre 2008, la K+S est cotée au DAX et
réalise un chiffre d'affaire de quatre milliards d'euros par an.
Les produits
commercialisés par le groupe K+S au travers de ses
différentes activités sont les suivants :
- K+S Kali :
Sels de potasse et de magnésium,
-
Esco, SPL, Morton Salt :
Sel alimentaire, pharmaceutique et industriel,
-
K+S Nitrogen :
Engrais azotés pour les cultures,
- COMPO :
Engrais et spécialités pour le jardin et espaces verts.
Le groupe K+S propose aussi une gamme de services complémentaires :
K+S Entsorgung :
Gestion et recyclage de déchets dans les mines en fin d’exploitation,
KTG :
Manutention et affrètement maritime,
Granulation :
Produits d’hygiène animale,
CFK :
Négoce de produits chimiques.
Lors de ce
reportage, la Kaliwerk
Sigmunshall tournait encore mais cet important siège ferma ses portes
fin 2018.