Rencontre avec Marcel Hamerschmidt

Je m’appelle Marcel Hamerschmidt, je suis né le 16 mars 1919 et je viens de France.
J’ai été engagé  au Hasard de Cheratte en 1945 et ma famille et moi-même avons élu domicile dans la cité ouvrière qui jouxte encore le charbonnage.
A l’époque, nous n’avions à notre disposition qu’une demi maison, nous habitions au rez-de-chaussée et une autre famille logeait à l’étage.
A l’arrière de la maison, il y avait le port. Une multitude de grues chargeait du charbon dans des péniches qui prenaient ensuite la direction de la Meuse. Ma fille Francine est un jour tombée sur une péniche portant le même nom qu’elle et, avec l’accord du batelier, elle est montée à bord et a vogué sur le fleuve jusqu'à Herstal.
La cité était un endroit agréable. Il y avait des parcs, des fontaines, la sécurité y était assurée par plusieurs gardes et les véhicules étaient interdits de circulation en début de soirée, ce qui permettait aux enfants de pouvoir jouer en toute quiétude à l’extérieur.
A cette époque, les italiens sont arrivés en nombre à Cheratte. Dans l’attente d’un logement dans la cité, la direction les avait placés dans des anciens baraquements en bois occupés par les allemands durant la guerre. Par la suite, un petit bâtiment de style motel a été construit pour les travailleurs immigrés qui affluaient en masse dans le pays.
Nous étions tous solidaires malgré nos origines différentes, nous ne connaissions pas toujours la langue de l’autre mais il y avait toujours un moyen de se faire comprendre avec des signes. L’ambiance était bonne et à la Ste Barbe, nous avions le loisir d’aller nous détendre dans les tavernes qui entouraient le charbonnage. Ce jour là, les consommations étaient payées par le directeur !
A la fin de ma carrière, j’ai été nommé responsable de la sécurité au fond. L’abattage se faisant en journée, je travaillais la nuit et mon rôle était de contrôler l’état du soutènement ainsi que la sécurité des travaux en général pendant l’absence des abatteurs.
Ma carrière au Hasard s’est terminée en 1972, peu avant l’annonce de la fermeture du charbonnage.