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Au milieu du 18ème siècle, plusieurs sondages sont effectués au sud d'Essen, dans une zone encore très peu industrialisée. Dotée d'un certain potentiel, la région commence dès lors à se couvrir de petites exploitations houillères dont l'une des plus importantes est la mine à flanc de coteaux de Hundsnocken datant de 1804 et dont le siège social se situait à Heisingen. Zeche Hundsnocken fusionne rapidement avec l'ensemble des petits charbonnages de la zone mais l'occupation temporaire de la Ruhr par les troupes napoléoniennes entraine de nombreuses interruptions, la production annuelle n'atteignant jamais plus de 1.000 tonnes. L'approfondissement des galeries et la découverte du gisement de Mausegatt permet heureusement d'augmenter ce chiffre qui passe à 30.000 tonnes dès 1825, ce qui motive la direction à investir dans la construction de deux nouveaux tunnels dont les travaux souterrains fusionnèrent avec les anciens chantiers de Hundsnocken ainsi qu'avec d'autres petites mines locales.

Nommée Zeche Heisinger Tiefbau, cette nouvelle structure se compose donc de :

- zeche Hundsnocken,
- zeche Rauensiepen,
- zeche Zwergmutter,
- zeche Abgunst,
- zeche Bruchkamp,
- zeche Gottfried Wilhelm,
- zeche Plätzgesbank.

Cependant, ce regroupement reste fragile et tombe pratiquement en faillite dès la fin du 19ème siècle. La mine sera sauvée in extremis par un industriel nommé Carl Funke et intégrera la Rheinische Anthracitkohlenwerke A.G. qui fut la première société à investir dans un puits vertical sur la concession. Nommé Friedrich Wilhelm, ce dernier entra en production en 1899 et devient dès lors le puits de concentration de la société. À l'aube du 20ème siècle, les exploitations liées à la Rheinische Anthracitkohlenwerke A.G. fusionnèrent avec les mines Vereinigte Dahlhauser Tiefbau et Hercules pour former la Essener Steinkohlenbergwerke A.G. dont la direction fut accordée à Carl Funke. En 1906, zeche Heisinger Tiefbau change de nom pour devenir zeche Carl Funke. Cette modification mène également à la rénovation du siège historique qui se dote d'un puits vertical, d'une usine de traitement moderne ainsi que d'une fabrique de briquettes. Dès lors, la production de la mine passa à plus de 200.000 tonnes d'anthracite par an et permit à Carl Funke d'entrer dans le cercle des mines les plus importantes du sud de la Ruhr. L'exploitation entre dans une phase d'expansion dès la fin de la première guerre mondiale et un second puits est foncé sur le siège principal. Équipé de l'ancien chevalement de la mine Victoria située à Kupferdreh, ce dernier entre en production en 1926. L'essor de la société continua dès 1931 avec l'absorption de zeche Prinz Friedrich dont le puits d'extraction fut modernisé avant de servir pour l'aérage sous le nom de Carl Funke N°3. La mine atteignit son pic de production lors du second conflit mondial avec 630.000 tonnes d'anthracite en 1943. En 1955, la Essener Steinkohlenbergwerke A.G. passe entre les mains de Mannesmann A.G. qui réalisa une liaison souterraine avec les puits de la mine Gottfried Wilhelm avant d'entamer, entre 1957 et 1959, la fonçage du puits Carl Funke N°4. En 1963, le chevalement du puits N°2 fut démonté et remplacé par une tour d'extraction moderne qui devient dès lors l'installation extractive principale de la société. En 1965, la société absorba la concession de Dahlhauser Tiefbau qui possédait encore deux puits actifs :

- Altendorfer Tiefbau N°2 qui devient Carl Funke N°5,
- Dahlhauser Tiefbau qui devient Carl Funke N°6.

En 1967, zeche Carl Funke fusionne avec Zeche Vereinigte Pörtingssiepen pour former la Verbundbergwerk Pörtingssiepen/Carl Funke, une société qui sera reprise par la Ruhrkohle A.G. en 1968.
Cependant, la politique concentrationniste de la RAG ainsi que l'appauvrissement des gisements situés au sud d'Essen met fin à l'exploitation de Carl Funke dès 1973. Les anciennes installations restèrent à l'abandon pendant presque dix ans avant d'être totalement démantelées à l'exception du chevalement du puits N°1 et du bâtiment de la machine d'extraction de l'ancien siège de Hundsnocken qui furent classés et intégrés à la Route du Patrimoine Industriel.


      Reportage sur le chevalement  du puits Carl Funke 1, un édifice situé au bord de la Ruhr.

Copyright (c) / Photos by Nicolas Elias, Xavier Fer & Laura Dambremont