Bien
que peu exploité, le bassin namurois compte malgré tout quelques sites
d'exploitations mémorables. Après plusieurs sondages, un gisement de
charbon de terre fut découvert à la fin du 18ème siècle aux portes de
Namur et c'est le 3 avril 1809 qu'une concession minière est demandée
au Préfet du département de Sambre et Meuse, le groupe d'exploitant
étant composé de Pierre-Philippe Crombet, Juge en la cour de justice
criminelle de Namur,de Clément Brabant, Propriétaire à La Plante et
Jean-Baptiste Brabant, brasseur à Namur et père du premier Bourgmestre
de Namur après l'indépendance. La concession est accordée à la
Société du Charbonnage
du Château en avril 1813 et porte sur une
étendue de près de 2hectares. Le lieu choisi pour le siège
d'exploitation se trouve à l'emplacement de l'ancien château de Namur,
situé au pied de la Tienne des Biches, un petit chemin sinueux qui mène
au sommet de la Citadelle. C'est sous cette dernière qu'un tunnel
rectiligne est creusé durant les mois suivants, le tout complété par la
construction d'un magasin, d'un bureau de recette et d'un puits
d'aérage, construit à travers les fortifications alors abandonnées.
En
1829, la concession sera agrandie suite à l'absorption des concessions
voisines de la Gueule du Loup et de la Petite-Balance. Le transport du
charbon de terre se fait par brouettes mais dans la seconde moitié du
19ème siècle, la mine sera dotée de rails, généralisant ainsi
l'utilisation de berlines. En parallèle à la Société du Charbonnage du
Château, une société annexe est créée pour la recherche des gisements.
Nommée Société des Charbonnages du Pied du Château, celle-ci conduira à
l'extension de la zone d'exploitation vers la plaine de Salzinnes et
sur la rive gauche de la Sambre.
L'expansion du charbonnage
commence cependant à nuire à la ville de Namur, d'autant plus que
l'emplacement de celui-ci constitue un obstacle pour l'installation du
funiculaire permettant l'accès au sommet de la citadelle. Le collège
échevinal décide donc, en décembre 1894, d'entamer une procédure
judiciaire contre le charbonnage du Château afin de récupérer le
terrain mais il fut débouté et les extractions continuèrent de plus
belle. À la veille de la première guerre mondiale, la société réalise
une production moyenne de 4.500 tonnes par an pour 34 ouvriers. Le
conflit mondial mettra malheureusement un frein aux activités des
charbonnages locaux qui, pour survivre, n'ont d'autre choix que de
fusionner. Les sociétés concernées sont :
- La société du
Charbonnage du Château,
- La société du
Charbonnage de Malonne,
- La société des
Charbonnages de Jambes, Bois Noust et de la Plante Réunis.
Cette
dernière est l'une des sociétés les plus importantes de la ville.
Rattachée à la fin du 19ème siècle aux charbonnages de Jambes, d'Erpent
et de Loyers, celle-ci possède également une concession importante sous
le Bois de Marlagne et possède alors deux sièges actifs : le siège St
Louis, doté d'un puits de 172 mètres de profondeur et une exploitation
à flanc de coteau nommé le Tienne Maquet.
La fusion de ces
sociétés permettra à ce groupement d'obtenir une surface exploitable de
1.040 hectares. La ville n'enterre pas pour autant son envie de
récupérer le terrain du siège, d'autant plus que la presse est de son
côté. C'est ainsi qu'on peut lire dans un quotidien daté du 30
septembre 1968 : "La ville de Namur s'embellit, mais certains endroits
sont mal appréciés des habitants et des étrangers, comme cet
intéressant coin situé derrière le Kursaal, où se trouve l'entrée
affreuse et les installations vétustes, autant qu'horriblement laides,
du charbonnage du Château. Depuis longtemps, on a souhaité la
disparition de ces installations qui abîment l'entrée du joli faubourg
de la Plante".
En 1939, la ville finit par gagner et le siège du
Château ferme ses installations contre une indemnité de 54.000 francs
belge. Son siège social déménage alors au Charbonnage de la Plante,
situé le long de la chaussée de Dinant, et, à cette occasion, la
société
changea de nom pour devenir la Société Anonyme des
Charbonnages Réunis
de Sambre et Meuse. La proclamation de la Communauté
Européenne du
Charbon et de l'Acier mit malheureusement fin à l'épopée des
charbonnages Namurois et c'est en avril 1954 que la société fut
dissoute. Il ne reste aujourd'hui plus aucune trace de ces
exploitations à l'exception de la tour d'aérage du charbonnage du
Château dont la silhouette se dresse toujours au sommet de la citadelle.